La beigne et la caresse

Nom de dieu, Popa Chubby est de passage à Sainté ! À bientôt soixante balais, le chanteur et guitariste américain fait encore grave le show. Ça va barder !


Quelque part entre Chupa Chups et Papa Schultz, Popa Chubby est un artiste inclassable, rond comme une sucette espagnole et décalé du bocal comme une série humoristique sur un camp nazi de prisonniers de guerre. S'appeler Theodore Joseph Horowitz n'était au départ pas forcément facilitateur pour faire du gros blues-rock qui tache, c'est vrai. Theo a donc préféré s'auto-affubler d'une expression argotique un peu lourdasse, "pop a chubby", signifiant avoir une érection. Le musicos n'est donc pas une demi-molle dans le monde de la musique, bien au contraire on est là sur du high level, du qui-décoiffe-sa-mère ! Certes, son embonpoint ne lui permet plus de jouer debout, mais qu'à cela ne tienne, le New-Yorkais livre chaque concert comme des coqs leur combat, sans jamais rien lâcher. Il lui arrive même encore de passer derrière la batterie en live ! Shiftant du blues au rock ou du funk à la pop, Popa fait de chacun de ses albums un concept qui diffère des précédents, parmi lesquels quelques grosses références, comme le très bluesy Back Door Man, l'album-hommage à Jimi Hendrix Electric Chubbyland, sans oublier l'excellent Live at FIP enregistré à Paris en 2003.

Big bad and beautiful

Nul n'est prophète en son pays : l'énergumène connaît un vrai succès en France, sans doute davantage qu'au "Trumpland". Il s'est d'ailleurs fendu du titre Blues for Charlie après l'attaque du canard Charlie Hebdo en 2015. Chapeau… Un concert de Popa Chubby c'est un peu comme un marathon : on croit s'être bien préparé et pourtant il faudra quelques jours pour s'en remettre ! L'énergie folle que dégagent ce musicien et la bande qui l'accompagne (basse-batterie-claviers) est franchement bluffante. Chubby commence généralement son set par un cover de Hendrix - son seul maître -, puis, pendant plus de deux heures se bousculent reprises bien senties et titres persos survitaminés. Mais le loup sait aussi se faire agneau, sortant de nulle part des ballades emplies d'émotion. Ecoutez Wound up getting high ou la superbe reprise du cohennien Hallelujah. C'est aussi ça le charme de Popa Chubby : il est à la fois la beigne et la caresse.

Popa Chubby [+ Louis Mezzasoma], mercredi 17 octobre à 20h30, le Fil à Saint-Étienne


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