Dubois dormant


Le centenaire de l'Armistice de 1918 offre la double occasion d'exhumer un répertoire musical couché sur papier acide, comme d'offrir une page blanche à de nouveaux compositeurs. L'exercice est un équilibre fragile. Les images sépia se floutent au fil des ans, évoquant trop souvent un coq et une Gaule surannés. Trois œuvres au programme : Gallia, superbe motet composé à Londres en 1871 par Charles Gounod. Il y est question de Jérusalem détruite, métaphore d'un Paris en ruine après le désastre de la Commune. La postérité de Théodore Dubois, quant à elle, est inversement proportionnelle aux honneurs qu'il connut de son vivant. Directeur du Conservatoire de Paris, Prix de Rome, académicien, le réel regain d'intérêt pour sa prolifique musique peine à poindre dans sa Messe de la Délivrance, tant l'emphase répond à un cahier des charges très... patriotique. Le pari était risqué pour le compositeur Pascal Descamps de créer ses Chants d'Argonne sur le même thème. Le bijou brille pourtant de mille feux, retraçant sur trois tableaux, le parcours d'un jeune "poilu", dont on ne comprend que tardivement qu'il est mort au combat. Comme toujours, les thèmes magiques emportent l'adhésion du public comme des interprètes. Pari réussi.

Messe de la Délivrance + Chants d'Argonne + Gallia,  Samedi 10 novembre 2018 17h30, Cathédrale Saint-Charles de Saint-Étienne, dans le cadre des commémorations de l'Armistice de 14/18


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