"Pupille" : Une aussi longue attente

de Jeanne Herry (Fr., 1h47) avec Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche, Élodie Bouchez…


Une jeune femme arrive pour donner naissance à un petit garçon dont elle ne veut pas et qui aussitôt est pris en charge par tout une chaîne d'assistantes sociales et d'assistants maternels. Au bout du compte, ce bébé né sous X sera confié à une mère célibataire en souffrance d'enfant…

De l'amour irraisonné à l'amour inconditionnel. Tel est le chemin que la réalisatrice Jeanne Herry a suivi, troquant l'obsession érotomane destructrice de la fan de Elle l'adore contre le bienveillant désir d'une mère méritante, son opposée exacte. Documenté à l'extrême, suivant une procédure d'adoption dans ses moindres détails psycho-administratifs aux allures parfois ésotériques (le cérémonial de rupture entre la mère biologique et l'enfant peut ainsi laisser dubitatif), Pupille s'échappe heureusement du protocole jargonnant par la mosaïque de portraits qu'il compose. Diversité d'approches, de caractères ; espoirs et désespoirs ordinaires meublent l'existence des personnages intervenant dans la lente chaîne menant le bébé à sa future maman ; autant d'accidents heureux ou malheureux permettant de mesurer la ridicule probabilité permettant ayant permis cette rencontre.

Dans cette galaxie du social, univers féminin s'il en est, Jeanne Herry a choisi un homme comme premier relai durable — bonne idée. Et c'est Gilles Lellouche qui donne corps à cet assistant maternel profilé nounours. S'il ne décroche pas au moins un parallélépipède l'an prochain, la DDASS fera un signalement.


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