Christian Olivier : « Tout ce qui peut faire remuer les choses m'intéresse »

Christian Olivier, chanteur emblématique des Têtes Raides, a sorti un second album solo en juin dernier. Intitulé "After/Avant", cet opus reste dans une veine engagée et musicalement intéressant pour son ouverture à des sons différents de ce dont nous a habitué l'intéressé. Rencontre avec Christian Olivier, avant son passage au Clapier ce vendredi 21 décembre.


Pourquoi avoir fait le choix de vous lancer en solo en 2016 avec On/Off. Était-ce pour faire une pause avec Les Têtes Raides ?
Oui, il était temps de faire une petite pause. Il y avait eu plus de 25 ans de route. C'était une manière de "breaker" un peu et de se ressourcer. J'avais le désir de continuer de faire de la musique, de poursuivre mes histoires graphiques, de lectures musicales, de bande originale de films... Concernant On/Off, j'avais envie d'essayer de nouvelles choses, de travailler avec des gens différents... Par exemple, Edith Fambuena à la réalisation et ça a vraiment été un plaisir. Ça m'a permis de me mettre dans une autre situation.

Sur After/Avant, avez-vous travaillé avec la même réalisatrice ?
Non, je l'ai fait avec un mec rencontré en studio et avec qui je me suis très bien entendu. Il s'appelle Félix Remy. On a enregistré au studio Pigalle à Paris. Il a vraiment cerné mes attentes. En chemin, je me suis mis à travailler avec Peter Combard, un des deux guitaristes avec qui j'avais déjà travaillé sur On/Off et qui est venu m'épauler sur les machines pour ce deuxième album. Finalement, on a un peu co-réalisé cet album tous les deux.

On ressent la présence des machines et des sonorités électroniques dans After/Avant. Pourquoi avoir fait ce choix ?
J'avais envie d'aller vers ces sonorités-là, ces ambiances... C'était l'un des aspects que je voulais faire ressortir de cet album. Parallèlement, il y a un quatuor à cordes qui intervient. C'est ce mélange d'univers qui me plaît.

Sur scène, comment vous présentez-vous ?
On retrouve cette ambiance sur scène. Il y a des synthés, des boîtes à rythmes... mais tout ceci avec la présence des gars à la guitare, la basse et la batterie. On retrouve une bonne partie de la prod qu'il y a sur l'album.

L'Europe devrait être beaucoup plus ouverte qu'elle ne l'est aujourd'hui

Sur les textes, un point ressort, c'est le lien à l'Europe avec notamment le titre Non et la reprise du Putain, Putain d'Arno. Qu'est-ce qui vous a motivé à mettre en avant ce point ?
On est en plein dedans, tout simplement, quand on regarde l'actualité. On voit en Europe, de nombreux pays retomber dans le repli, dans des extrêmes, des fermetures de frontières... Nous ne sommes pas dans une période d'ouverture. Je voulais lancer un petit cri d'alarme. Et quand j'étais en période d'écriture, il m'est revenu cette chanson d'Arno, qui est d'ailleurs de l'époque de TC Matic. Je trouvais ça chouette de remettre en avant ce morceau pour montrer que c'est trop con cette histoire et que l'Europe devrait être beaucoup plus ouverte qu'elle ne l'est aujourd'hui.

Justement, quand on parle d'actualité, les Gilets Jaunes, cette "colère" exprimée... qu'est-ce que cela vous évoque ? La société va-t-elle moins bien qu'avant ? Est-ce toujours pareil ?
Cela ne date pas d'aujourd'hui. Aujourd'hui, nous arrivons seulement à saturation de tout un tas de choses. Tout ceci me fait repenser à la tournée que nous avons faite avec Têtes Raides, et d'autres artistes et associations dans le mouvement Chaos Social. C'était il y a presque une quinzaine d'années. On est malheureusement dans la continuité de ce qu'on avait soulevé à ce moment-là. C'est en train de ressurgir aujourd'hui, mais c'est latent. On voit venir, monter cette crise. Il y a une crise d'identité par rapport au politique. La spécificité des gilets jaunes, c'est que c'est un mouvement complètement autonome. Le résultat est là : une méfiance et un lien inexistant en le politique et les gens.

Quels sont vos projets ?
Je suis assez ouvert à tout. Il y a simplement un album de Têtes Raides qui sortira pour fêter les 30 ans de Ginette, forcément ! Sinon, la tournée d'After/Avant va me mener jusqu'à l'automne 2019 en parallèle avec le spectacle de Prévert. Je travaille également sur la musique d'une pièce de théâtre sur une auteure russe, Marina Tsvetaieva. Je continue aussi mon activité de graphiste avec Les Chats Pelés. J'avance en permanence sur la musique mais pas seulement. Tout ce qui peut faire remuer les choses m'intéresse.

Quand vous travaillez pour une BO ou une musique destinée à une pièce de théâtre, est-ce très différent de la composition d'un album ?
Oui, c'est assez différent et cela ouvre d'autres pistes musicales. Tu es dans un format, avec une intervention beaucoup moindre du texte. Tu es dans la musique pure et tu pars dans des ambiances, des durées, dans l'appui de certaines parties d'une œuvre. De n'avoir à travailler que la musique, c'est passionnant.

Christian Olivier [+ 5 marionnettes sur ton théâtre], vendredi 21 décembre à 20h au Clapier


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