"Une jeunesse dorée" : Jeunesse qui rouille fait l'andouille

De Eva Ionesco (Fr.-Bel., 1h52) avec Isabelle Huppert, Melvil Poupaud, Galatea Bellugi…


1979. Rose quitte le foyer où elle est placée pour vivre avec son amoureux, un peintre débutant. Seule condition : suivre son apprentissage. Qu'elle va vite déserter pour se fondre dans les folles nuits d'une boîte parisienne à la mode, en compagnie d'excentriques autodestructeurs…

Poursuivant ici après My Little Princess la résurrection de ses souvenirs par le cinéma, Eva Ionesco aborde à présent la stupéfiante (!) époque du Palace, hantée de noctambules vaguement arty-dandy, à qui les années 1980 réservaient de mirifiques promesses — mais aussi son lot de morts violentes. D'où le ton crépusculaire de cet opus, façon gueule de bois et cendrier froid, traversé de fantômes plus ou moins nommément cités (Pacadis, Pascale Ogier, Jacno s'y reconnaissent par flashes) et son cousinage avec les ambiances des Nuits de la pleine lune — tout de même, quel flair le vieux Rohmer avait eu en capturant en temps réel la joie triste de cette jeunesse. Mais hélas pour Ionesco, son auto-biopic décalé se trouve pénalisé par la fausseté de son interprète principale, la baby-doll Galatea Bellugi — lui a-t-on demandé de surjouer la vulgarité ingénue ? — et son incapacité à restituer le parler de l'époque : les anachronismes langagiers tombent en effet aussi mal qu'une pièce de deux francs sur le comptoir d'un bistrot en 2019.


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