Mehdi Cayenne : " Mettre le feu à la baraque comme vous avez jamais vu ça "

Mehdi Cayenne est un artiste à l'énergie contagieuse. Avec sa musique, un mélange bien pimenté qu'il qualifie lui-même de "couscous hip-hop-punk-funk-folk", l'artiste québécois, né à Alger et ayant vécu en Ontario et au Nouveau-Brunswick, a accepté de répondre à quelques questions avant son passage à Saint-Étienne ce dimanche 3 février au Pax pour le Mégaphone Tour. Un troisième passage dans la région après les Poly'Sons et les Oreilles en Pointe en 2018. 


Tes origines sont multi-culturelles entre ta naissance en Algérie, ton enfance au Québec puis au Nouveau-Brunswick et en Ontario. Est-ce que ces identités différents influencent ta musique ?

Il est difficile de savoir si les types de musique que j'aime sont si intimement liées avec d'où je viens. En même temps, j'ai l'impression que le fait d'être à l'aise avec le paradoxe, c'est-à-dire aimer tout autant La Compagnie Créole, Nana Mouskouri que Nine Inch Nails, c'est être à l'aise avec le paradoxe d'identités culturelles contradictoires également.

Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, que pourrais-tu expliquer à propos de ta musique ? Que souhaites-tu transmettre à travers elle ?

De ce que j'ai pu entendre, c'est quelque chose de radieux, qui donne la pêche. C'est à la fois vivace et intense mais en étant avec les gens plutôt que contre les gens ou pour les gens. Il y a quelque chose de très « rentre-dedans » mais également de très humain et sensible. Plus on verbalise ce qu'il va arriver dans un spectacle, plus on trahit. La manière la plus familière de traduire tout ça serait : « Crisse, je veux mettre le feu à la baraque comme vous avez jamais vu ça ! » (rires)

Tu travailles également beaucoup les textes...

C'est sûr que c'est très important pour moi. La musique doit remplir pleinement son rôle. Elle exprime ce que les mots ne peuvent pas transmettre. Elle transcende le texte. Mais effectivement, je pense qu'un beau texte peut faire un trou à travers notre perception de la réalité, nous faire voir ou ressentir les choses complètement autrement. Cela m'est arrivé avec les créations d'autres artistes et c'est ce que je vise finalement.

Avant de vivre de ta musique, tu as travaillé dans un centre pour les personnes avec des déficiences intellectuelles. Est-ce que cette expérience a un impact sur ta vie d'artiste ?

Cela m'a tout appris. J'ai appris à parler, à écouter non seulement avec les oreilles mais aussi avec les yeux, le corps, la posture, l'instinct... On parle énormément avec les mots mais on sait pertinemment que le non-verbal est très important. Cela m'a permis également de voir d'autres types d'intelligences. En général, lorsque l'on rencontre quelqu'un on mesure notre respect au niveau de langage de cette personne par rapport au nôtre. Se faire comprendre par quelqu'un qui a des référents complètement différents, à première vue irréconciliables, cela m'appris des choses fondamentales sur l'humain, une certaine immédiateté et une franchise avec le désir de toucher l'autre simplement par la présence. Et dans l'industrie de la musique, ce qui est humain n'est pas ce qui est mis de l'avant dans les rapports. Concernant les shows, cela m'a aidé à envelopper le public avec un élan humain. Je sais que cela fait vraiment « mystique à deux balles » quand je le dis mais c'est finalement vraiment ce que je fais sur scène ! (rires)

Tu fais également des chroniques radio pour Radio Canada intitulées #RadioBatata, disponibles sur ta page YouTube et Facebook. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

#RadioBatata sera aussi le nom de mon nouvel album qui sort le 22 février. Je compte faire un bouquin de toutes ces chroniques à la fin de l'année. Mais c'est vrai que c'est formidable de pouvoir parler à la radio. Cela fait écho au documentaire radio (ndlr : L'Écorce et le Noyau), que j'ai fait l'année passé sur ma famille, l'exil, la filiation, la paternité, la transmission... Je dirais que mon travail en radio est inspiré de cela. Ma copine, Marie-Laurence Rancourt a une compagnie de radio, Magnéto, et elle m'a appris de nombreuses choses sur la manière d'aborder ces interventions. Cela m'a motivé d'honorer le privilège de prendre la parole sur les ondes publiques en disant quelque chose qui contient vraiment une idée qui ne surfe ni sur des slogans, ni sur une personnalité, ni sur un humour léger. Ce n'est pas pour autant dénué d'humour et de légèreté, mais il y a toujours une idée derrière, avec un fond.

Tu vas te présenter sous quelle formule ce dimanche au PAX pour le Mégaphone Tour ?

Je serai en solo cette fois. La dernière fois que j'étais dans la région stéphanoise c'était en trio. Le spectacle respire différemment en solo qu'en trio. J'ai hâte de retourner à Saint-Etienne. C'est comme la troisième fois en un an que j'y vais, donc je commence à penser que vous m'aimez là-bas ! (rires)

Mehdi Cayenne [+ PihPoh + Camicela], dimanche 3 février à 17h au Pax dans le cadre du Mégaphone Tour


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