Burlesquement vôtre

Suivie tous les jours par des milliers d'auditeurs pour son émission sur France Inter, l'équipe de Par Jupiter sera cette année l'une des têtes d'affiche du festival des Arts Burlesques. Rencontre avec Alex Vizorek, chroniqueur acerbe et chef d'orchestre de ce plateau hors-du-commun.


Alex, parlez-nous un peu de ce Jupiter Show

Il s'agit d'un spectacle conçu uniquement pour le festival : on le sort une fois et on le remballe. Les organisateurs m'ont contacté, et m'ont donné une sorte de carte blanche, que j'ai bien sûr tout de suite accepté. Je me suis dit qu'il serait sympa de faire participer les humoristes qui sont présents dans l'émission, et puis, une chose en entraînant une autre, j'ai pensé que les comédiens qui collaborent avec nous pourraient vouloir se frotter à l'exercice. J'ai fini par envoyer un mail à tout le monde… Et résultat des courses, ils ont tous accepté, même ceux qui ne sont pas habitués à la scène. Ca fait tout de même 16 personnes !

Justement, à quoi cela va-t-il ressembler ? Parce que ça fait un paquet de monde tout ça…

Au final, ce sera une succession de mini cartes-blanches, animées par Charline, Guillaume (respectivement Vanhoenacker et Meurice, NDLR) et moi. Dans la construction, on essaie d'alterner les passages de seul-en-scène et les sketches à plusieurs. Ça avance bien, je crois que les spectateurs qui aiment l'émission vont en retrouver l'esprit.

Comment expliquez-vous que ce spectacle ait été complet aussi vite ?

Les gens sont inconscients enfin ! Ils prennent des places pour un spectacle qui n'existe même pas ! Plus sérieusement, j'entends souvent des auditeurs me dire « j'aime bien cette émission parce qu'on a l'impression d'être à table avec vous ». Peut-être que c'est ça, qui leur a donné envie d'aller voir le spectacle : le fait que l'on puisse être tous ensemble, dans une sorte de moment de partage.

Pour parler un peu de vous… Vous êtes aujourd'hui un humoriste ‘'mainstream''. Pourtant, il me semble qu'il y a de cela quelques années, vous suiviez les cours d'une grande école de commerce. Comment on passe d'un truc super chiant à un truc super drôle ?

Vous et moi, on trouve ça chiant oui… Mais des tas de gens adorent les chiffres et la finance ! En école de commerce, je réussissais plutôt bien, parce que je n'étais pas un mauvais bougre, et que je travaillais beaucoup. J'étais donc récompensé de mes efforts, en quelque sorte. Malgré ça, j'ai réalisé que je n'étais pas du tout à ma place. J'ai donc intégré le cours Florent, et je dois dire que cela a été plus dur à vivre, parce que malheureusement, la vie d'artiste récompense moins ! Mais je m'en sors plutôt bien, au final, malgré ces années d'errance.

Être à la radio, c'est un travail d'écriture formidable et cela permet d'être exposé, tous les jours.

On a le sentiment qu'aujourd'hui, la chronique radio pour l'humoriste, c'est un peu LE truc tendance. Vous confirmez, vous qui êtes à la radio tous les jours mais qui tournez avec le même spectacle depuis près de dix ans ?

Le prochain spectacle arrivera en 2020 ! En fait, je crois à une complémentarité des deux. Être à la radio, c'est un travail d'écriture formidable et cela permet d'être exposé, tous les jours. Après effectivement, je suis assez content de mon spectacle, qui est très abouti. Et puis, les salles sont pleines, cela veut donc dire que le public n'est pas lassé…

Je ne crois pas qu'on vive l'âge d'or de l'humour d'actu. Dans ce domaine, les Guignols étaient beaucoup plus forts je pense.

Ces dernières années, on a un peu l'impression de vivre l'âge d'or de l'humour d'actualité. Pourquoi donc, à votre avis ?

Je ne sais pas, l'humour est un peu le miroir de notre société, c'est une sorte de refuge… Mais je ne crois pas qu'on vive l'âge d'or de l'humour d'actu. Dans ce domaine, les Guignols étaient beaucoup plus forts je pense. Ils ont quand même fait élire Chirac !

À l'époque des Guignols, ils étaient seuls. Aujourd'hui, on compte pléthore d'humoristes d'actu…

Nous sommes plus nombreux, mais tout ceci est plus disparate. Ce que je veux dire, c'est que nous sommes davantage des fous du roi que des faiseurs d'opinions. Nous sommes là pour désacraliser le pouvoir, d'une certaine manière. Et puis, tous autant que nous sommes, nous nous aimons tous beaucoup. Nous voyons nos spectacles respectifs, il y a une bonne ambiance entre nous, une sorte d'émulation.

Jupiter Show, mardi 22 février à 21 heures au Centre des Congrès dans le cadre du festival des Arts Burlesques


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