Coups de Rain

Quinze ans après sa création, le spectacle d'Anne Teresa De Keersmaeker, "Rain", entré au répertoire de l'Opéra de Paris en 2011, reste époustouflant. La preuve le 15 février à l'Opéra de Saint-Étienne


Rain d'Anne Teresa De Keersmaeker, entré au répertoire de l'Opéra de Paris en 2011, reste une pièce maîtresse de la danse contemporaine malgré ses 15 ans d'âge. L'alchimie opère toujours autant entre la complexité géométrique de la chorégraphie, l'hypnotique partition du musicien minimaliste Steve Reich et l'irrépressible énergie collective des danseurs.

Il semble pleuvoir sur le plateau grâce à un rideau semi-circulaire de fines cordes de chanvre qui tombent des cintres et seront en mouvement à deux reprises créant à la fin du spectacle une véritable onde générée par une danseuse. La scène semble vide mais le dense tapis de figures géométriques qui recouvre le sol et constitue presque un élément du décor, ordonne, avec une rigueur stupéfiante, les déplacements des dix danseurs dont les trajectoires et les croisements sont calculés au millimètre près.

Tel un battement de cœur

Soutenus par l'entêtante pulsation musicale de la partition du compositeur minimaliste Steve Reich : Music for 18 musicians, les danseurs parcourent le plateau ceint par le mur circulaire de cordes tombantes. Deux phrases chorégraphiques, l'une écrite pour les danseuses, l'autre pour les danseurs vont circuler pendant tout le spectacle. Portés par les vagues rythmiques irrésistibles de la musique, les danseurs s'abandonnent à l'irrépressible énergie qui les relie les uns aux autres où se partagent le souffle, la vitesse, une rare vitalité et où chacun, épousant à son rythme les boucles de la musique, est propulsé dans un tourbillon de forces qui emporte tout sur son passage. C'est un jaillissement tellement festif que les costumes en changent de couleur. En harmonie avec eux, de savants éclairages varient du jaune orangé au bleu en passant par le rose fuchsia, créant une palette chaleureuse de couleurs qui emmène le spectateur dans un monde de beauté et d'émotion. Rain, l'une des plus brillantes productions d'Anne Teresa De Keersmaeker ne saurait vieillir tant cette pièce fait surgir un monde d'une beauté infinie. « On ne fait pas des pièces aussi belles tous les jours » nous dit Brigitte Lefèvre.

Rain, vendredi 15 février à l'Opéra de Saint-Étienne


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(Trop) Bref