Sur une bonne série

Jusqu'au 26 mai prochain, l'expo Mine en séries au musée de la Mine aborde l'aspect sériel dans le labeur sous-terrain et les constructions s'y rapportant. Cette présentation "couteau suisse" propose notamment 12 imposants portraits signés Pierre Gonnord, des images du couple Decher ainsi qu'une belle collection de lampes de mineurs.


« Une série est-elle la somme d'objets identiques ? » C'est à cette question d'aspect philosophique que nous invite à réfléchir Mine en séries, l'exposition actuellement présentée au Parc-musée de la Mine. Ce sont cinq types d'objets correspondant à cinq différentes séries disposés dans cinq espaces qui sont ainsi soumis à notre curiosité. Les plus imposants et donc ceux qui captent l'attention d'emblée, ce sont les 12 portraits néo-classiques de mineurs tirés du projet Tierra de Nadie de Pierre Gonnord. Spécialisé dans la photo de "marginaux" - punks, gitans... - le photographe français, installé à Madrid, a capté ici les visages de gueules noires espagnoles, dans les Asturies en 2009. « Ces clichés dramatisent d'un côté mais montrent également la dignité de ces travailleurs, explique Guillaume Balaÿ, chargé de médiation. On ne peut également s'empêcher de penser à Vélasquez ou à Caravage, notamment dans le travail sur le clair-obscur. » Mais au-delà de cet aspect pictural fort, ces clichés possèdent également une résonance inédite dans l'actualité alors que les mines des Asturies viennent de fermer définitivement à la fin de 2018...

Science, lumière et habitat

Ces imposants portraits font face à une autre série, tout aussi passionnante, à savoir les images de chevalement collectées par le couple Bernd et Hilla Becher. Géométriques et minutieuses, ces successions de clichés en noir et blanc montrent l'étendu de la diversité industrielle et artistique de ces constructions symboliques des puits de mine. C'est également face à une forme de succession quasi millimétrée et scientifique que l'on se trouve dans le troisième espace de l'expo traitant des cités minières avec maquettes et photos à l'appui. En poussant plus loin, c'est une succession de 17 lampes de mineurs qui s'offrent aux yeux des visiteurs. On se retrouve dans un cabinet de curiosités, plongé dans l'obscurité, où l'on distingue les détails de ces objets emblématiques à l'aide d'autres lampes. Tout se niche dans le détail... Mais aussi au creux des fossiles proposés en vitrine et des dessins de François Cyrille Grand'Eury, nous replongeant en plein étage géologique stéphanien (de 303, 9 à 299 millions d'années). Un joli moyen de découvrir la flore houillère présente à l'époque dans la région stéphanoise.

Mine en séries, jusqu'au 26 mai 2019 au Puits Couriot/Parc-musée de la Mine + ateliers arts plastiques régulièrement (cf agenda)


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La corde sensible