Ecloh : « Une opposition entre douceur et rugosité qui fonctionne bien »

Le duo stéphanois Ecloh, formé de Chloé Royon et Olivier Pradel, vient de sortir son premier EP "Seed" proposant un « trip-hop griffé de post-rock » qui fait mouche. Rencontre avec le groupe avant leur release party de jeudi 7 février au Méliès Jean Jaurès.


Quel est votre parcours musical avant d'arriver jusqu'à Ecloh ?
Chloé : Nous avons une formation au conservatoire tous les deux. Olivier était en formation jazz en guitare, bien que sa culture musicale soit plutôt rock en ayant joué dans des groupes post-rock tels Mirabo et ALEC. Pour ma part, j'ai fait trois années en musiques actuelles. C'est dans le cadre de cette formation qu'on a démarré le projet Ecloh mais nous nous connaissions avant même le conservatoire.
Olivier : L'idée était de faire rencontrer nos deux univers qui pouvaient paraître assez différents, mais qui au final se marient bien.

Vous avez démarré ce projet en l'orientant d'emblée vers des sons électro et pop ?

Olivier : Le projet est né sous la forme guitare/voix. Nous avons voulu y intégrer le sampling. Tout ceci en restant deux sur scène et en n'utilisant aucune boucle pré-produite. Nous avons donc apporté d'abord des percussions, puis des claviers, synthé, basses et enfin des synthèses sonores. La musique d'Ecloh est le reflet des traits communs que nous possédons avec Chloé sur la conception de la musique, de la manière de l'arranger, de l'interpréter et de la vivre. Il y a une opposition entre douceur et rugosité qui fonctionne bien.

La musique d'Ecloh est le reflet des traits communs que nous possédons avec Chloé sur la conception de la musique, de la manière de l'arranger, de l'interpréter et de la vivre.

Sur scène, vous jouez donc tout en live. Il n'y a rien de pré-enregistré et vous samplez en direct. Qui s'occupe de quoi quand vous êtes devant le public ?
Olivier :
Je suis aux percussions et à la guitare, Chloé aux voix et claviers. Mais Chloé joue également un peu de percus et moi un peu de clavier. Nous sommes assez complémentaires. Dans la manipulation des samplers, nous intervenons tous les deux.
Chloé : Nous avons un gros travail de répétition afin de savoir ce qu'il est possible de réaliser à deux en prenant en compte la gestion du sampling. Par exemple, quand Olivier doit se tenir prêt à enregistrer ses batteries, il n'a pas ses deux mains pour déclencher le sampleur... Donc je vais m'en occuper. On n'est pas obligé d'arranger nos morceaux en fonction des machines mais on essaie de les rendre accessibles et utilisables entre nous afin qu'elles soient au service de nos morceaux. Toutes les commandes sont regroupées sur un îlot central accessible pour Olivier et moi-même. Ce qu'il influe sur la scénographie.

Vous sortez votre premier EP qui s'appelle Seed, terme qui signifie graine en anglais. C'est donc le début d'une belle aventure ?
Chloé :
Cela va avec la démarche de construction des morceaux et de progression. La petite graine qui va germer, pousser et grandir va avec l'idée d'une musique progressive. Nous partons d'un sampling, un ostinato qui va tourner puis on va réussir à créer des choses autour pour donner du relief au morceau. C'est idem sur scène où nous construisons petit à petit.
Olivier : On retrouve également ce concept dans le nom du groupe Ecloh qui induit l'idée de l'éclosion et de la croissance.

Seed, la petite graine qui va germer, pousser et grandir va avec l'idée d'une musique progressive.

Vos lives ne sont donc jamais identiques ?
Chloé :
Comme nous sommes au sampling, nous fonctionnons au clique. Il y a quand même un cadre que l'on doit respecter.
Olivier : En choisissant de n'avoir aucune séquence pré-enregistrée, c'est pour être honnête avec l'émotion du moment. Notre musique est travaillée sur l'émotion, les paysages sonores tout en prenant le temps de se mettre en place et en invitant à l'introspection. Notre interprétation va changer selon le lieu où nous nous produisons. Lorsque nous étions au Musée d'art moderne et contemporain, dans un contexte posé et calme, avec The Big Wave de Jean-Michel Othoniel derrière nous, nous avons adapté notre live en prenant le temps de poser la musique. Nous pouvons jouer sur plusieurs points comme la longueur des plages sonores en les allongeant ou les raccourcissant. Le sampling permet de modifier tout ça. Tout est modulable.

Combien de temps avez-vous travaillé votre EP avant de le sortir ?

Chloé : Nous avons d'abord beaucoup travaillé en résidence au Fil, sur les structures des morceaux pour le live. Cela nous a pris deux ans. Une fois l'assise de ces structures obtenues, nous avons pu entrer en studio avec l'aide de Nicolas Sauvignet, à La Fabrique à Andrézieux. Nous avons commencé à travailler la scène avant d'entrer en studio. Le travail du live nous a permis de voir ce qui était réalisable ou pas. Il était important pour nous de fonctionner comme ça.

Vous avez choisi d'effectuer la release party de votre EP au cinéma Le Méliès ? Pourquoi avoir choisi un cinéma ?
Chloé :
C'est par rapport à l'image en fait. Nous avons une musique qui développe des paysages sonores, très axée sur les images, les sensations et l'émotion. Elle se prête bien à la création d'images. Pierre Jaffeux nous suit depuis plusieurs années et contribue beaucoup à la validation du projet. Les photos, les vidéos... Pour la release party, il y a des projections d'images qu'il a réalisées.
Olivier : Nous avons aussi choisi Le Méliès pour créer un événement original, qui sorte du contexte du concert. La symbolique du cinéma d'art & essai est importante pour nous. La possibilité d'inviter les gens à poursuivre au Méliès Café avec une expo photos est aussi entrée dans la balance pour montrer le travail de Pierre.

Ecloh, Release party du 1er EP Seed jeudi 7 février à 19h30 au Méliès Jean Jaurès (entrée libre)
EP disponible en physique chez Forum et sur les plate-formes de musique en ligne


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