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L'heure n'est pas au repos pour les jeunes pousses du baroque. Les nouvelles statues du commandeur se nomment désormais Pichon, Daucé, Guillon ou Comte. Cette génération Y, de perfectionnistes inspirés, ne détrône pas pour autant les Flamands Kuijken, Koopman, Herreweghe ou Leonhardt, ni les Britanniques Gardiner, Pinnock ou Christopher. Elle en fait la synthèse (un style fusion ?), rejette les maniérismes ostentatoires ou systématiques d'antan et exalte, par le truchement d'un lyrisme contagieux, un nouvel humanisme enthousiasmant. La relève des muses est elle aussi assurée. Au rayon des contraltos, Anthéa Pichanik rejoint le cénacle des interprètes chouchoutés des "Y". Un timbre sobre, sombre et sensuel, des phrasés capiteux, sensibles, sans affect, ni "effect" déplacés, une virtuosité déconcertante... Les cantates de Jean-Sébastien Bach donneront à ce showcase d'exception des Musiciens du Louvre, des accents de capitale de Saxe. Vecteur mélodique et harmonique des étoiles, la magie du Cantor, portée par une grande voix, convertira les brebis les plus sceptiques. Entrecoupés de séquences instrumentales de la famille Bach - pas seulement Jean-Sébastien - les moments de grâce sont, hélas, à craindre.

Les Musiciens du Louvre, vendredi 22 mars à 20h au Théâtre du Parc à Andrézieux-Bouthéon


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