La communauté des différences


Nous vivons une époque où affirmer sa singularité, affirmer sa différence dans une société où l'Autre est stigmatisé, souvent parce qu'il fait peur, demande un certain courage. Comment trouver sa place parmi les autres ? C'est cette relation entre l'individu et le groupe que Rachid Ouramdane invente dans la création Murmuration. Quand les vingt danseurs rassemblés sur le plateau recouvert d'un tapis blanc exécutent des sauts, des tours, chutent, c'est un foisonnement qui s'étoile en autant de directions qu'il y a d'interprètes, rappelant les trajectoires collectives des essaims d'oiseaux évoqués par le mot anglais murmuration. Cette même notion de groupe se retrouve dans la création de Marcus Morau qui s'inspire des artistes du surréalisme, notamment de Luis Bunuel pour qui le tambour, grande passion de Marcos Morau, est un instrument qui fait « trembler le sol sous nos pieds » et peut devenir porteur d'une révolution. Pour Morau, c'est un acte de pratique collective, de communication où la diversité devient communauté. Le Ballet de Lorraine réussit ce Tour de force qui propose un diptyque fort qui interroge notre époque et notre capacité à composer avec toutes nos différences.

Tour de force par le Ballet de Lorraine,  vendredi 5 avril à l'Opéra de Saint-Étienne


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