Design-moi l'inclusion

La 11e Biennale Design se tiendra cette année du 21 mars au 22 avril à Saint-Étienne. Après le thème des mutations du travail lors de la précédente édition, place cette fois-ci à l'empathie et à la compassion avec "Me, You Nous - Créons un terrain d'entente".


Design : anglicisme. Mot masculin un poil galvaudé désignant bien autre chose que ce que l'on croit parfois. Fréquemment entendu dans l'expression « c'est design », qui ne veut finalement pas dire grand-chose; très souvent confondu avec le mot concept, mais aussi avec l'art contemporain...

Loin d'être élitiste et réservé à une poignée d'initiés qui préféreraient discuter entre eux, le design est aujourd'hui absolument partout… Et pas seulement dans les expos. D'ailleurs, le design était déjà partout bien avant que l'on décide d'en faire des expos. Le pupitre d'écolier conçu en 1889 par l'ébéniste du coin ? Designé pour que les petits puissent facilement ranger livres et cahiers en soulevant le plateau, sans que l'encrier ne finisse sur le plancher. Le toboggan sur lequel vous glissiez quand vous étiez gamin ? Designé pour vous protéger de la chute de côté grâce aux rambardes de sécurité. Le siège conducteur de votre première auto ? Désigné pour épouser le plus parfaitement possible la forme de votre dos, et vous éviter le lumbago. Et demain ? Demain, le design continuera de remodeler vos objets du quotidien pour les rendre plus pratiques ou plus écologiques (coucou, la brosse à dents en bambou qui ne pollue pas et qui est toute douce sur les gencives), en même temps qu'il planche par exemple sur la ville nouvelle, qui facilitera la vie des citadins… Et ça, on le découvre finalement… en traînant dans les expos. Une bonne raison pour faire un saut à la Biennale ? Sans doute.

Design et biennale pour tout le monde

Cette année en plus, la Cité stéphanoise joue justement la carte de l'inclusion. Me, You, Nous. Un intitulé un brin obscur, qui prend davantage de sens à la lecture du sous-titre : Trouvons un terrain d'entente. En 2019 donc, cap sur le design pour tous. Celui qui permet à ceux qui sont parfois laissés sur la touche de reprendre contact avec le reste du monde. Celui qui participe à la création d'une société harmonieuse, dans laquelle chacun a sa place, et où chaque place est importante. Celui qui ambitionne d'intervenir dans la résolution des problèmes non plus seulement ergonomiques, pratiques ou même écologiques, mais carrément sociaux. Là, on n'est franchement pas loin de la baguette magique.

Mais parce qu'en ce moment, une petite lichette d'angélisme ne peut pas faire bien mal, on tentera le coup et on ira flâner à la Cité – mais pas que – pour découvrir les innovations de demain.
Si on n'est pas encore très à l'aise avec les gros mots que l'on a employés plus haut et tout ce que l'on vient de raconter, on commencera par faire un tour à la FABuleuse cantine, pour vivre une expérience gustative originale. Parce que le design, c'est aussi dans l'assiette, et parce que grignoter un bout, franchement ça ne mange pas de pain.

Lutter contre les exclusions

Pas trop faim pour l'instant ? Alors, on file visiter l'expo principale Systems, not Stuffs, conçue par Lisa White, commissaire de cette édition. Si l'on n'a pas envie de tout avaler d'un bloc, on ira simplement jeter un œil au Bureau des inclusions, qui montre la manière avec laquelle les designers tentent de répondre aux difficultés rencontrées par des personnes souffrant de handicap de toutes sortes (physiques, mais aussi linguistiques, sociaux, économiques, géographiques…). Fauteuils roulants colorés qui visent à créer le contact et donc, à dépasser le handicap physique, mais aussi école pour séniors ou machine à voter adaptable à tout le monde… En quelques exemples, découvrez ici les innovations judicieuses de quelques designers qui ont vocation à lutter contre l'exclusion d'une partie de la population.

Tout ça, ça a l'air pas mal, mais mettre un pied à la Cité, c'est pas trop votre truc ? On vous rassure, pas besoin de costard, vous pourrez rentrer en jean baskets ou mal rasé, et même si vous sentez l'ail (mais c'est quand même mieux de sentir le muguet). Malgré tout si vraiment, vraiment vous n'osez pas encore franchir le pas, pas de problème : le design pendant la biennale, c'est aussi partout en ville. Musée de la Mine, Musée d'Art Moderne et Contemporain, conservatoire Massenet, La Serre… Et si vous n'êtes pas trop "lieux d'expos" en général, vous pourrez tout de même participer à un parcours d'observation de la mutation de la Ville, pour comprendre comment le design transforme profondément notre environnement immédiat, et également pour en savoir davantage sur ce que sera le Saint-Étienne de demain ! Alors, Me, You Nous ?

11e Biennale design internationale design Saint-Étienne, Me, You, Nous - Créons un terrain d'entente,  du 21 mars au 22 avril à la Cité du design et en résonnance dans toute la métropole et au-delà


<< article précédent
On court à Roanne