Chinoiseries !

Cette année, quatre mégalopoles chinoises sont invitées d'honneur de la Biennale design de Saint-Étienne.


À l'ouest, Saint-Étienne. 171 924 habitants (chacun compte), connue pour son Allez les Verts, ses anciennes mines et sa manufacture d'armes. A l'est, Shenzhen, 12 millions d'habitants et 1e zone économique de Chine ; Shanghaï, 24 millions d'habitants et figure mondiale de la mode ; Pékin, 21, 7 millions d'habitants et capitale de l'Intelligence Artificielle ; et Wuhan, 10, 6 millions d'habitants et fer de lance du développement urbain. Point commun entre l'ouest et l'est ? Dit comme ça, pas grand-chose, c'est certain.

Et pourtant. Peut-être ces mégalopoles nous ressemblent-elles bien plus qu'on ne pourrait le croire. D'ailleurs, la Chine ne fut-elle pas elle-aussi une grande terre de charbon ? Et que penser des millions de Chinois qui chaque jour se déplacent à vélo, alors que c'est ici, à Saint-Étienne, qu'est né le premier cycle français ? Pour sûr, l'Histoire nous apprend que les similarités entre les deux territoires sont au bout du compte très importantes, malgré ce que l'on pourrait croire. Mais c'est finalement dans le présent, que l'on peut très certainement trouver… le plus grand terrain d'entente.

Le design au cœur du développement

Estampillées par l'Unesco, Saint-Étienne, Shenzhen, Shangaï, Pékin et Wuhan ont toutes fait le choix de mettre aujourd'hui le design au cœur de leur développement. Ainsi s'explique d'ailleurs l'exposition Equi-libre imaginée par le médiateur culturel Fan Zhe et visible sur le site Manufacture de la Biennale jusqu'au 22 avril. Passé, présent, futur. Véritable récit chronologique de l'histoire des objets chinois, l'expo permet ici au visiteur qui déambule à travers les époques d'en ressentir le pouls et d'en comprendre les évolutions. Ainsi un simple thermos à fleurs en dit-il long sur la vie chinoise, de l'habitude de boire chaud pour se prémunir des maladies à ce qu'a dû devenir l'art au moment de la Révolution culturelle…

Une manière de démontrer également que la Chine n'est plus ce qu'elle était. Usine du monde, champion de la contrefaçon et de la fabrication bon-marché/basse-qualité, le pays est en effet entré aujourd'hui à pieds joints dans l'ère de la création. « Quand on est encore enfant, on fait des bêtises. Et puis, lorsqu'on grandit, on arrête d'en faire » souligne ainsi Fan Zhe à sa manière. La Chine est donc devenue une grande, c'est un fait. Gare maintenant à savoir accepter la vieillesse lorsqu'elle pointera. Et sans botox, s'il-vous-plait.

Equi-Libre, Jusqu'au 22 avril à la Cité du Design


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Marc Chassaubéné dans l'Oeil du Petit Bulletin #13