"Comme si de rien n'était" : Stupeur et tremblements

De Eva Trobisch (All., 1h30, avec avert.) avec Aenne Schwarz, Andreas Döhler, Hans Löw…


Encore un peu secouée par la liquidation de sa petite société d'édition, Janne se rend à une soirée d'anciens. Si elle renoue avec un ancien prof, elle y rencontre aussi le patron de celui-ci qui abuse d'elle. Sous le choc, Janne est incapable de réaliser de ce qu'elle a subi…

On ne pouvait choisir meilleur titre pour ce portrait de femmes — car au-delà de Janne, sa mère et l'épouse de son agresseur sont aussi représentées — à la fois mélancolique et terriblement actuel. Perturbant dans le bon sans du terme, ce film sortant dans le sillage du mouvement #MeToo met en lumière l'état de sidération psychique touchant de nombreuses victimes de viol pouvant les rendre mutiques, honteuses voire les contraindre à refouler leur traumatisme, histoire de “sauver les apparences“. Piégée par son silence, par le contexte social et les pressions professionnelles comme sa volonté de donner le change pour complaire aux stéréotypes sociétaux, Janne perd doucement pied ainsi que ses proches. 

Renvoyant chacune et chacun à son seuil d'acceptation et de tolérance face aux agressions du quotidien, qu'elles soient intimes ou pas, ce film est porté par la très belle composition de Aenne Schwartz. Notons également celle de Hans Löw, dans un rôle plus ingrat que dans In my Room :  celui du sale type veule. Des comédiens suivre


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