Monnet, Monnet, Monnet

Officiellement créée le 27 mars 1969, l'Université stéphanoise fête ses 50 ans en 2019. L'occasion d'avoir un programme festif tout au long de l'année et de voir comment cet établissement fait rayonner Saint-Étienne.


« 40 ans, c'est la vieillesse de la jeunesse, mais 50 ans, c'est la jeunesse de la vieillesse » assure Victor Hugo. L'Université Jean Monnet, qui souffle cette année, ses 50 bougies est aujourd'hui une "vieille dame" qui paraît en avoir encore beaucoup sous le pied à l'image des projets liés à la labellisation toute récente IDEX pour Initiative d'excellence. Affichant une vitalité forte, se renouvelant sans cesse, elle constitue un véritable poumon avec ses 20 000 étudiants qui donnent de la vie à la cité. Elle s'inscrit dans son territoire local mais également dans des échelles plus vastes : régionale, nationale et même internationale (avec des diplômes et des domaines de recherches spécifiques et de pointe). La force de cette institution ne serait-elle pas finalement d'avoir réussi à se rapprocher de Lyon sans pour autant perdre son identité et ses caractéristiques propres ? Intégrée depuis 2007 dans l'Université de Lyon (communauté d'universités et établissements) aux côtés de ses consoeurs lyonnaises, elle ne paraît pas pour autant avoir été ingurgitée ni digérée. Bien au contraire, puisqu'elle maintient son cap et poursuit son développement attirant notamment plus de 3 000 étudiants étrangers chaque année. 50 ans, c'est l'occasion de regarder derrière mais également devant. Michèle Cottier, présidente actuelle de l'UJM nous explique ce que représente cet anniversaire un peu spécial pour une telle institution, avec des festivités très variées qui s'étaleront jusqu'au mois d'octobre.


Michèle Cottier : « L'université est une ville dans la ville »

Historiquement, qu'a représenté l'arrivée d'une université pour une ville telle que Saint-Étienne ?

Michèle Cottier : L'implantation d'une université dans une ville, c'est la possibilité d'offrir aux jeunes bacheliers l'opportunité de pouvoir faire leurs études sur place. Compte tenu du coût que peuvent représenter des études dans des villes distantes, c'est une évolution. L'offre de formation est un point important mais l'université c'est également de la formation continue. C'est assurer la formation tout au long de la vie pour des personnes déjà en poste. Les entreprises ont besoin d'avoir un maintien de la qualité des connaissances de leur personnel. C'est primordial pour un bassin comme le bassin stéphanois composé de nombreuses entreprises. L'université fait également partie des atouts pour attirer des talents dans les entreprises locales. Ces derniers regardent si l'environnement général est adéquat pour leurs familles. Pour les entreprises, c'est également la possibilité d'avoir des accès à des activités de recherches, de développement et d'innovations dans tous les domaines. Enfin, l'université regroupe aussi des employés et des étudiants qui vont se loger, consommer toutes sortes de choses. C'est une ville dans la ville. 20 000 étudiants à Saint-Étienne, c'est loin d'être négligeable !

20 000 étudiants à Saint-Étienne, c'est loin d'être négligeable !

Saint-Étienne constitue véritablement une ville étudiante dynamique au niveau français ?

M.C. : On va considérer que Saint-Étienne est une véritable ville étudiante à partir du moment où elle attire des étudiants qui viennent de l'extérieur et cherchent quelque chose de spécifique ici, qu'ils ne trouvent pas ailleurs. C'est un peu le sens de l'histoire de l'université de Saint-Étienne qui se construit à côté de Lyon qui possède un tissu d'enseignement supérieur très riche et dense dans tous les domaines. Si Saint-Étienne veut pouvoir se construire, elle ne le fait pas dans la concurrence directe avec Lyon. Ce qui a été l'intelligence de l'ensemble des personnes qui ont construit cette université, c'est d'avoir fait une construction avec Lyon, qui a permis de développer des caractéristiques spécifiques. C'est ça qui donne de l'intérêt à l'ensemble.

Pouvez-vous nous donner un exemple de ces spécificités stéphanoises ?

M.C. : Le domaine de l'ingénierie des surfaces est une de nos spécialités. On parle beaucoup des projets autour de la marque Manutech. Ca résonne avec la Manufacture d'armes, avec Manufrance... Des mots qui sont ancrés dans l'histoire de la ville. C'est une manière d'apporter un rebond à une économie qui a été en très grande difficulté. Des activités de recherches de pointe sur le sujet sont menées à Saint-Étienne. Nous avons des masters internationaux qui attirent des étudiants du monde entier. C'est un des exemples les plus aboutis de ce que Saint-Étienne a été capable de produire.

Valoriser tout ce qui a été fait jusque là.

Quels ont été les changements provoqués par l'intégration au groupement Université de Lyon en 2007?

M.C. : Cette intégration a permis de travailler les sujets de manière coordonnée et complémentaire. Quand vous travaillez avec des gens, vous les connaissez mieux, vous comprenez comment fonctionnent leurs formations et activités de recherche. Cela permet d'augmenter l'efficacité tout en s'épanouissant sur des thèmes propres à Saint-Étienne, sans concurrence avec Lyon. Tout ce qui a été construit pendant toutes ces années nous permet aujourd'hui d'envisager de travailler sur des sujets plus globaux. Nous avons à travers l'initiative d'excellence IDEX Lyon, des projets autour des arts, du patrimoine, de la culture, de l'architecture, du design... Nous avons l'ambition de créer un institut qui pourrait agréger toutes les forces présentes à Saint-Étienne.

Michel Durafour disait en 1966 que le vrai projet est celui d'une université unique entre Lyon et Saint-Étienne, on se rend compte qu'il a fallu plus de 50 ans pour arriver à cette réalité mais il la pensait déjà...

Pour marquer les 50 ans de l'UJM, vous avez voulu une année jalonnée de festivités...

M.C. : C'était un défi. Marquer un anniversaire tel que 50 ans, un demi-siècle, relevait du défi dans la mesure où l'évolution est d'aller vers un établissement d'une autre nature. Nous avons donc souhaité valoriser tout ce qui a été fait jusque-là et en étant capable de se projeter dans l'avenir. Regarder les caractéristiques déjà présentes mais également voir ce que nous allons chercher à travers le projet IDEX. Ce défi a représenté une forme d'opportunité, nous permettant de comprendre ce que nous sommes aujourd'hui. Nous n'avons jamais eu d'état véritablement stable, c'est plutôt une progression permanente à travers de très nombreuses transformations successives. Au début de l'histoire de cette université, il y a eu des visionnaires. Si vous reprenez ce que Michel Durafour disait en 1966 que le vrai projet est celui d'une université unique entre Lyon et Saint-Étienne, on se rend compte qu'il a fallu plus de 50 ans pour arriver à cette réalité mais il la pensait déjà... Donc cette année du 50e anniversaire sera jalonnée d'événements qui mettront en avant l'académique, la recherche, les personnels de l'université mais aussi tout ce qui a été fait pour accompagner les étudiants dans leur épanouissement comme le Fest'U par exemple, les projets sociaux, etc. L'objectif des événements est de valoriser ce que chacun a à dire sur ses liens avec l'université Jean Monnet tout en y associant l'ensemble des acteurs du territoire.

Le programme complet des festivités prévues pour les 50 ans de l'Université Jean Monnet est à retrouver sur 50ans.univ-st-etienne.fr


L'université Jean Monnet en quelques dates :  

- 1967 : Création de l'IUT de Saint-Étienne
- 1969 : Création officielle de l'Université de Saint-Étienne
- 1989 : L'Université prend le nom de Jean Monnet
- 2017 : Obtention du Label Initiative d'Excellence IDEXLYON, dans le cadre du site Lyon Saint-Étienne


L'Université Jean Monnet en quelques chiffres :

- 20 000 étudiants dont 3200 étudiants internationaux et 400 doctorants
- 1 500 personnels
- 450 enseignants-chercheurs
- 74 mentions de diplômes avec 7 000 diplômés par an
- 30 laboratoires de recherche,  60 brevets issus de la recherche
- 1 incubateur d'entreprises
- Le Fest'U, un festival universitaire culturel parmi les plus importants de France


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