Flèche Love, dans le mille

Amina Cadelli, alias Flèche Love, est une artiste attachante pour plusieurs raisons : ses intentions, sa qualité artistique et sa bienveillante volonté. L'ex-chanteuse du groupe Kadebostany a livré un très premier album solo, Naga Part.1. Elle sera sur la scène du Fil en ce début de mois pour le défendre.


Dans une période où le repli sur soi s'avère souvent très tentant, il est singulièrement bénéfique de faire des rencontres telles que celle de l'artiste Flèche Love. Amina Cadelli, de son nom civil, s'est révélée en solo grâce à une collaboration avec Rone, sur le magnifique titre Umusuna. Et ce n'est sans doute pas un hasard si les deux se sont trouvés pour faire émerger un titre aussi prenant. Deux belles âmes ne peuvent que faire des miracles. Après avoir quitté le groupe Kadebostany en 2015, Amina qui savait « depuis toujours » qu'elle ferait de la musique en solo, a attendu trois ans avant de pouvoir faire émerger son premier disque, Naga Part.1,  sous son pseudo de Flèche Love. Un album complet et riche mêlant spiritualité, engagement mais également des références culturelles diverses (Camille Claudel, la déesse indienne Kali, Kurt Gödel...). Tout ceci, en faisant bien attention à ne pas tomber dans le « patchwork » insipide. « Il n'y a aucune préméditation dans ma musique, assure-t-elle. Un patchwork c'est une succession de pièces rapportées. Ma musique correspond davantage au bouillonnement que j'ai en moi. On pourrait dire qu'elle s'apparente au Kintsugi,  une méthode japonaise qui permet, au lieu de jeter une porcelaine brisée, de la sublimer en refixant chaque morceau avec une colle au pigment doré. »

Délier les langues

Si les compositions de la Suissesse sont difficiles à étiqueter, naviguant entre soul, hip hop, électro et pop, les morceaux qu'elle propose sont habités de liberté et de sensibilités. En anglais, français, espagnol ou arabe, Flèche Love tourbillonne à travers les mots et questionne, interpelle. Elle confie avoir un « intérêt tout particulier pour les langues qui possèdent chacune des spécificités ». Avide de connaissance, Amina dévore les livres et a suivi des études d'ethnologie pour comprendre davantage l'histoire, les arts ou les tribus et ethnies. « C'est fascinant ! Si je pouvais, je ferais des études toute ma vie... » Mais heureusement, Amina n'est pas restée sur les bancs de la fac, préférant le défi de monter sur scène, au contact du public, allant jusqu'à participer à des célèbres conférences TEDx à propos de sororité à Lausanne et au cœur des Nations Unies à Genève. « C'était très impressionnant, explique-t-elle. C'était une chance de pouvoir partager quelque chose qui m'a bouleversé. C'est assez court et donc très intense. » Pour sa venue à Saint-Étienne, pas question de conférence mais bien d'un concert où elle promet des surprises et une véritable « expérience » avec une belle énergie à la clé.

Flèche Love + Felower, vendredi 5 avril au Fil


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