Attention à la marche

Avec Cannes Trente-neuf/Quatre-vingt-dix, Etienne Gaudillère et la compagnie Y explorent le microcosme mondial du Festival de Cannes.


Films, tapis rouge, beau monde, montée des marches, flashs qui crépitent, smokings, robes qui traînent par terre et coiffures choucroutées, récompenses… Le festival de Cannes, tout le monde connait, tout le monde en parle, tout le monde s'en est généralement fait une idée bien précise… Mais tout le monde ne se focalise pas toujours sur les mêmes aspects. Jeune metteur en scène salué l'an dernier en Avignon pour Pale Blue Dot, pièce drôle et pétillante autour de l'affaire WikiLeaks, Etienne Gaudillère revient cette année avec une idée folle : monter un spectacle qui aborderait l'événement annuel de la Croisette sous toutes ses facettes, en le disséquant, couture après couture. La culture et l'artistique, bien sûr, mais aussi l'économique, le commercial, le politique, le religieux. Cannes, festival International du Film, mais pas que…

Du cinéma

Parce qu'elle est multiple en effet, sans doute l'institution cannoise reflète-t-elle notre société toute entière. Derrière ce bouillonnement, le metteur en scène explore les liens étroits entre le festival et la politique, en se focalisant sur une période de son histoire : de 1939, édition avortée à la suite de l'invasion de la Pologne par les Allemands, au début des années 90 et des grands bouleversements de l'époque, notamment commerciaux. Dans le microcosme qu'il donne à voir, où baignent depuis toujours artistes, producteurs, politiciens, amateurs de cinéma ou propriétaires de salles, mais aussi starlettes, jet-setteurs, touristes, prostitués***, Gaudillère met l'accent sur les enjeux qui dépassent le strict cadre culturel de l'événement. Des cinéastes engagés pétris d'actualité à la marchandisation de l'industrie cinématographique, le Festival de Cannes enferme en réalité la conscience collective que l'on a de notre propre histoire. Moteur… Action !

Cannes Trente-neuf/Quatre-vingt-dix, du mercredi 22 au vendredi 24 mai à 20 heures à la Comédie de Saint-Étienne


<< article précédent
Ça a fait boum