Zed Yun Pavarotti : « J'aurai beaucoup d'affects avec ce concert »

Le jeune rappeur stéphanois Zed Yun Pavarotti ne cesse de grimper et de gagner en notoriété avec son flow éthéré et ses titres entêtants aux lyrics à l'abstraction orfévrée. Désormais installé à Paris pour travailler, il revient sur sa terre natale pour un concert qu'il attend avec une pointe d'appréhension mais également une envie débordante. Rencontre avec ce petit génie de la scène rap française.


Comment en es-tu arrivé à la musique ?

Tout cela a commencé par un effet de groupe, d'entraînement où on rappait un peu avec des amis. On freestylait. À un moment, j'ai essayé de faire un morceau en solo, en regroupant les idées que j'avais et en les structurant avec un refrain, des couplets. Je me suis rendu compte que le résultat était correct, ça m'a plu et je n'ai jamais arrêté...

Pourquoi Zed Yun Pavarotti ?

À un moment donné, j'ai dû choisir quel nom porté, et je ne voulais absolument pas quelque chose de périmé... Zed, c'est en lien avec mon nom de famille. J'avais acheté un vinyle de Pavarotti à Sainté et à force de le voir et de l'écouter, je me suis intéressé à son histoire, à lui. C'est un clin d'œil pour ce personnage dont je suis très fan.

Tu ne produis pas toi-même de musique. Tu as commencé d'ailleurs avec des instrumentales que tu recevais par le web ?

À l'époque j'en recevais un peu mais pas tant que ça. Je connaissais aussi des producteurs à Sainté avec qui je bossais. Puis je suis rentré dans un collectif dans lequel il y avait un producteur attitré qui m'a permis de commencer le vrai travail de studio, avec un mec qui fait la musique parallèlement à ton écriture. Mais c'est vrai que je reçois énormément de prods via Internet. J'ai aussi mon binôme, Osha avec qui on a énormément de discussions et avec qui j'ai la possibilité d'inclure des lignes mélodiques, etc. Après, la composition m'attire quand même mais mon travail est celui d'auteur-interprète.

Comment s'est déroulée ton arrivée au sein de ta maison de disques parisienne Artside ?

Mon manager actuel, Marin, est tombé sur quelques-uns de mes morceaux qui lui avaient plu. Il avait aussi la possibilité à cette période-là de signer un nouvel artiste. Il m'a fait confiance et c'est allé assez vite en fait. Aujourd'hui, on fait un bon bout de chemin ensemble et ça me fait super plaisir !

Il paraît que tu prends beaucoup de plaisir en studio et parfois davantage que sur scène. Est-ce qu'aujourd'hui que tu as fait un peu plus de lives, la scène te plaît un peu plus qu'avant ?

Les deux communiquent beaucoup mais je pense que j'ai plus d'affinités avec le travail de studio. J'ai l'impression que ce sont deux mondes différents, presque pas le même métier d'être showman ou performer et élaborer et construire en studio. Je commence à découvrir ce que c'est que de faire de la scène. C'est un exercice périlleux, mais je prends beaucoup de plaisir à l'exécuter. 

Je suis rappeur, c'est mon identité, mais ce que je fais, c'est de la chanson. J'espère que celles et ceux qui me suivent aiment l'idée qu'ils puissent aller de surprise en surprise avec moi. 

Tu expliquais dans une interview accordée à France Culture que tu tenais à garder la liberté de créer de manière large et de te laisser des possibilités d'explorer beaucoup de styles musicaux, allant même jusqu'à penser à faire un album symphonique si l'occasion se présentait ?

Oui, tout à fait. Je suis rappeur, c'est mon identité, mais ce que je fais, c'est de la chanson. J'espère que celles et ceux qui me suivent aiment l'idée qu'ils puissent aller de surprise en surprise avec moi. C'est l'idée, j'ai envie de créer un truc un peu global où on peut aller dans tous les sens, où c'est moi qui contrôle et qui propose.

On ne comprend pas toujours tes paroles. Tu expliquais d'ailleurs dans cette même interview que tes plus jeunes auditeurs, en acceptant de ne pas comprendre et en lâchant prise, accèdent finalement aux messages que tu veux passer...

Quand je dois choisir une thématique au moment où je commence un morceau, je sais que je n'arriverai pas à faire quelque chose de top narratif ou story telling. Je n'ai pas envie de cloisonner ma chanson. Mon objectif est d'être perçu tout aussi fortement quelle que soit la situation. La majorité des gens comprennent qu'ils n'ont pas particulièrement à saisir tout pour apprécier ma musique. Je fais un travail de mise en scène, je mets un cadre, un décor dans lequel chaque auditeur évolue comme il l'entend.

Quand on parle de toi, on parle forcément de tes origines stéphanoises. Tu n'y vis plus, mais tu y restes très attaché et tu expliques que c'est ta « structure osseuse ». Qu'est-ce que cela te fait de revenir y jouer cet été ?

La perspective de ce concert m'impressionne énormément, je dois l'avouer. J'aurai beaucoup d'affects avec ce concert. Il est important pour moi de prendre beaucoup de plaisir dans ce moment. Mon attache à Sainté est très forte et le restera. La perspective de retourner y vivre m'emballe moins aujourd'hui. J'ai eu la volonté de partir, je vis mon choix pleinement, mais je serai toujours stéphanois ! 

Zed Yun Pavarotti + OrelSan + Kéry James + Berywam, vendredi 14 juin à 19h au Zénith de Saint-Étienne pour Saint-Étienne Live


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