BCUC, ivresse musicale et jouissance des corps

Après avoir soulevé le Foreztival, puis le Rhino-Jazz l'an dernier, le groupe sud-africain devrait retourner le Fil de Saint-Étienne, à l'occasion du festival des 7 Collines.

 


Mets BCUC dans ton casque quand tu marches dans la rue, tu te mettras à courir. Ecoute BCUC chez toi en lendemain de bringue, tu oublieras tes nausées et ton mal de tête. Viens voir BCUC au Fil le 3 juillet, tu danseras comme sur un set de Vernon Subutex. Une gifle musicale ? Mieux : un pain dans la gueule.

BCUC, ce sont sept musiciens et chanteurs sud-africains issus de la génération post-apartheid. Elevés dans le melting-pot du township de Soweto, ils ont mis la France à leurs pieds en 2016 lors des Transmusicales de Rennes, et écument depuis les plus belles scènes musicales d'Europe. Plus qu'un groupe, BCUC, pour Bantu Continua Uhuru Consciousness, comprendre « l'homme est en marche vers la liberté de conscience », est un véritable big-bang musical. Avec ses chants et ses rythmes répétitifs Tsonga et Nguni teintés de blues, de rock, ou même de punk, la bande des 7 provoque ni plus ni moins que l'ivresse. Sa musique, stimulante, traditionnelle et pourtant si contemporaine, grandit ainsi en celui qui l'écoute au point qu'il atteigne la transe, au sens spirituel du terme.

Plus qu'un concert, une expérience

Sur chaque titre ou presque, BCUC nous délecte de la même recette : un riff de basse, qui donne le cadre d'exécution. Des percussions, puis des sifflets shona et enfin le mbomu (ancêtre du vuvuzela). Tel un chamane en pleine incantation, Jovi, le chanteur, ajoute à ces rythmes des textes littéralement scandés. Hurlés, même. En réponse, Kgomotso, seule femme du groupe, les apaise de sa voix chaude et hyper soul. Ainsi les concerts de BCUC se vivent-ils comme une véritable expérience. Une sorte de thérapie par le lâcher prise, par le mouvement des corps qui transpirent, frôlant presque la jouissance…

La musique comme soin fait d'ailleurs l'objet du dernier album de la formation. The Healing, sorti il y a quelques jours, est le dernier volet d'une trilogie entamée il y a deux ans. Dessus, on retrouve entre autres un titre de près de 20 minutes, et un autre de 16 minutes. Comme sur ses deux précédents opus, c'est notamment par l'explosion totale des formats que BCUC guide son public jusqu'à l'expiation de ses maux… Une formule reprise en concert, pour un grand moment de transe collective.

BCUC [+ Omar Souleyman], le 3 juillet à 20h30 au Fil de Saint-Étienne, dans le cadre du festival des 7 Collines


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