Simon Kinberg : « l'émotion primait sur l'action »

De passage à Paris (où se déroule l'épilogue du film), l'équipe de X-Men : Dark Phoenix est revenue sur la conception de nouvel opus. Propos rapportés de la conférence de presse.


Pourquoi vous êtes-vous focalisée ici sur le personnage de Jean Grey ? 

Simon Kinberg : D'abord, je suis tombé amoureux du personnage de Phoenix : je le trouvais absolument fascinant, comme tout le monde parmi les X-Men. J'aimais aussi l'idée d'un personnage qui perdait à la fois sa tête et ses pouvoirs, mais également voir de quelle manière cela affectait tous les X-Men ; comme des ennemis deviennent des amis, comment des amis, au contraire, devenaient des ennemis. Et puis il y avait ce dilemme : lorsque l'on a des amis proches qui perdent temporairement pied, quand cesse-t-on de vouloir les sauver ? Il était important ici de montrer que les conséquences du combat intérieur de Jean Grey font souffrir les autres autant qu'elle-même. Il fallait donc que le film ait une qualité intime humaine presque primitive ; et que l'on sente ce combat jusque dans le style, les acteurs ainsi qu'un forme plus naturaliste. Quand on a une telle distribution, il faut lui donner de vraies scènes afin que les acteurs puissent exercer leurs super-pouvoirs — qui est d'être formidables. 

Sophie, votre personnage dépasse ses propres limites, il acquiert une force incroyable, comment est-ce que vous l'avez préparé, perçu ?

Sophie Turner : Avec Simon, nous voulions lui donner une présence très humaine. Et montrer que c'était une jeune femme confrontée à de vrais problèmes. Comme si elle souffrait d'une   maladie mentale, d'une sorte de schizophrénie, d'addiction, ou d'un syndrome de personnalités multiples : les personnes qui en sont atteintes peuvent devenir surhumaines comme rester tout simplement normales. Je n'aurais pas voulu d'un personnage plus grand que tout, il fallait en revanche qu'il soit honnête.

Comment vous-êtes vous préparée pour ce rôle ?

Sophie : Pour X-Men : Apocalypse, j'avais regardé les films précédents. J'avais, évidemment, rencontré Famke Janssen et elle m'avait donné pleins de trucs, d'astuces ; on avait parlé et au moment du tournage, j'étais complètement préparée à devenir Phoenix. Pour ce film, qui est à la fois réaliste et émotionnel, je n'ai pas eu besoin de revoir les précédents : l'histoire a été pensée pour qu'on puisse suivre sans avoir de mal à comprendre qui sont les personnages.

Et vous, Michael, comment vous avez travaillé Magneto pour cet opus?

Michael Fassebender : Je ne sais pas si vous avez vu Wild Wild Country mais je voyais Magneto dans ce genre, un peu comme un gourou. À ma première conversation avec Simon, je lui ai expliqué que je me voyais avec des chapelets, de longues robes, etc. Je l'ai senti un peu nerveux au téléphone, et inutile de vous dire que je n'ai porté ni ce costume, ni le chapelet…(rires) Par ailleurs, c'était un honneur pour moi d'accueillir Sophie Turner comme on m'avait accueilli dans X-Men : Le commencement : j'avais envie de rendre cette générosité. La plupart de mes scènes sont d'ailleurs avec Sophie ; j'étais complètement bluffé devant la précision de sa technique. Mais aussi de voir à quel point elle pouvait toujours relancer l'émotion de manière aussi intense. Dans ce genre de film, on refait beaucoup de prises et à chaque fois, elle arrivait à trouver en elle cette émotion. C'était vraiment formidable à voir — et très impressionnant. 

Sophie Turner : Bien sûr, je l'ai payé pour qu'il dise ça…

Jessica, qu'est-ce qui vous a donné envie de rejoindre cette aventure ? Et surtout, qu'est-ce que le personnage de Lilandra vous a permis d'explorer dans votre travail d'actrice ?

Jessica Chastain : J'ai accepté parce que je voulais collaborer avec cette équipe : j'aime l'idée d'explorer tous les genres, de “travailler différents muscles“. Étant donné qu'ils avaient fondé une famille depuis un certain temps, je me suis sentie comme une invitée ; c'était très agréable. En plus j'aimais profondément l'histoire de Phoenix qui, au début, a presque honte de ses pouvoirs. 

Enfin, je n'avais jamais joué de créature surnaturelle : là, j'ai pu au début du film un être humain normal et ensuite d'explorer une forme particulière de jeu physique. Pour ce personnage, je me suis un peu inspirée de Terminator 2, d'un jeu très stoïque.. 

N'y a-t-il pas au tournage pour les comédiens de grands moments de solitude lors des scènes d'action, lorsque ils ont à effectuer cette gestuelle particulière “dans le vide“, devant un fond vert ? 

Simon Kinberg : Il y a beaucoup d'actions spectaculaire dans ce film, mais il repose avant tout sur les personnages. Il n'y a pas de scène “gratuite“, comme cela arrive souvent dans ce genre de film : je voulais que chacune corresponde à l'état émotionnel que l'acteur est en train de vivre ; j'en ai évidemment parlé avec le second assistant réalisateur et les coordinateurs des cascades : l'émotion primait sur l'action.

Raven (que joue Jennifer Lawrence) dit à un moment à Xavier que l'on devrait renommer X-Men, les X-Women tant les femmes sont importantes dans ce collectif. C'est une révolution… 

Hutch Parker : On voir à quel point les hiérarchies on changé : il y a de nouveaux “leaders“ qui émergent. Jean Grey, bien sûr, dans les deux facettes de son personnage mais aussi tous les personnages incarnés par des actrices. En plus d'être drôle, cette phrase est très importante car elle est signifiante dans le scénario : on le voit clairement dans les personnages féminins. Toutes les pré-conceptions s'effacent devant de nouveaux questionnements. Pour Xavier, par exemple, il s'agit de ses choix, de sa philosophie, de son idée de la vengeance… Fait-il le bien de tous ? Raven le voit et l'observe ; c'est ce qui est mis en lumière dans le script.

Comment analysez-vous l'évolution des X-Mens que vous avez pu produire ?

Hutch Parker : Cette aventure assez incroyable est surtout le fruit du travail de Simon, qui en est l'architecte principal en tant que scénariste, producteur, et maintenant, pour la première fois réalisateur. Il y a vraiment une grande richesse de matériel et puis, évidemment, il y avait l'émotion, le spectaculaire… En regardant tout ça, je me dis que j'ai vécu une aventure que je chérirais toute ma vie.

S'agit-il de la conclusion de la saga X-Men ?

Simon Kinberg : Je ne vois pas vraiment ce film comme une conclusion ; plutôt comme le climax d'un cycle.


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