"Acusada" : Sans autre forme de procès

de Gonzalo Tobal (Arg.-Mex., 1h48) avec Lali Espósito, Gael García Bernal, Leonardo Sbaraglia…


Dolorès, 21 ans, est accusée du meurtre de Camilla, sa meilleure amie survenu 30 mois plus tôt à l'issue d'une soirée entre ados très arrosée. Alors que va se tenir le procès, la jeune fille vit recluse chez elle, l'opinion publique l'ayant déjà jugée. De très rares amis lui sont restés fidèles…

En justice, le doute doit toujours profiter à l'accusé·e. Et sa charge d'incertitude permet des verdicts que le cinéma a du mal à accepter pleinement : un film étant censé s'achever par la résolution pleine et entière de tous les intrigues, le doute constitue alors le prétexte à un ressort dramatique tel qu'une révélation de dernière minute.

Acusada se distingue de la foule des films de prétoire par son absence de résolution : l'affaire du meurtre n'est pas bouclée et, d'un point de vue strictement théorique, c'est une bonne chose puisque la perception des faits par Dolorès constitue le cœur de l'histoire. Comment elle vit un sentiment de culpabilité consécutif au trépas de Camilla, aux conséquences sur ses parents (on comprend que le scandale, en plus de les ruiner socialement et matériellement, les a physiquement séparés), mais aussi sur son petit frère. Comment elle reçoit, également, l'agression médiatique, manipulant l'opinion à coup d'interview sensationnelles. Divulguant progressivement les circonstances du drame, jouant la carte du présent en limitant le recours au flash-back, le scénario est sur ce plan un modèle d'écriture.

Sorte de mixte argentin entre Rihanna et Selena Gomez, Lali Espósito est quasi inconnue en France ; aussi sa prestation dans un registre dramatique n'apparaîtra pas pour nous comme un “performance“ cassant les limites de sa jeune carrière. C'est plutôt Leonardo Sbaraglia, partenaire de Banderas dans Douleur et Gloire qui risque ici de surprendre avec ce rôle en demi-teinte, à la fois antipathique et désespéré ; celui d'un père en détresse tentant de sauver sa fille, en somme…


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"Face à la nuit" : Trois nuits et une seule mort