Axel Kahn, médecin, ancien chercheur en génétique et président d'université, essayiste humaniste est devenu président de la Ligue contre le cancer en juin 2019. Il sera de passage à Saint-Étienne jeudi 26 septembre pour une conférence à propos d'un de ses sujets de prédilection : l'éthique. Rencontre avant sa venue en terres foréziennes.
Vous êtes président de la Ligue contre le cancer depuis fin juin 2019. Comment cette nouvelle mission se passe ?
Axel Kahn : Cela se passe de manière intense. C'est un combat magnifique et incontestable. Je le dis assez souvent, il est rare que l'on mène une action, un combat qui ne peuvent être contestés. Ici, on lutte contre les cancers et personne ne peut être pour les cancers. On lutte en faveur des personnes malades et personne ne peut être contre ces personnes malades. Cela étant dit, l'éventail de ce qu'il y a à faire contre le cancer, qui est un véritable fléau de société, frappant toutes les familles, est tel que, même lorsqu'on a fait tout ce qu'il était possible de faire compte tenu des heures ouvrées, de la nécessité de dormir un tout petit peu, on n'a malgré tout jamais assez fait. Cela associé à la structure compliquée de la Ligue fait que c'est une tâche extrêmement prenante. Néanmoins, c'est une grande satisfaction.
Lutter de toutes nos forces pour éviter que les jeunes tombent dans les trois grandes causes de cancer que sont le tabac, l'alcool et la malbouffe/obésité.
Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés pendant votre mandat de présidence ?
Il y a énormément d'objectifs, je suis obligé de vous donner les priorités. Au niveau de la prévention tout d'abord, le grand mot d'ordre est le suivant : la Ligue a un peu plus de 100 ans et va s'engager de toutes ses forces pour que le maximum de jeunes atteignent cet âge-là sans cancer ! Donc, notre premier objectif est de lutter de toutes nos forces pour éviter que les jeunes tombent dans les trois grandes causes de cancer que sont le tabac, l'alcool et la malbouffe/obésité. Deuxièmement, pour ce qui est des personnes malades, nous allons essayer de faire en sorte que la période de soin soit une période de vie aussi intense que possible. On doit guérir mais on doit vivre aussi. C'est très important. Pour les personnes guéries, il faut faire en sorte que la guérison sociale, professionnelle mais aussi psychique ne soit pas décalé par rapport à la guérison physique. Aujourd'hui, une personne sur cinq guérie d'un cancer reste en dehors du circuit du travail pendant des années après la guérison. Il y a également des difficultés pour obtenir un prêt bancaire, avoir accès à certains types d'assurance...
Concernant la recherche, nous avons des objectifs précis dans la prévention, notamment la prévention tabac chez les jeunes femmes. Le cancer du poumon augmente chaque année de 5, 3% sur cette tranche d'âge.
Concernant la recherche, nous avons des objectifs précis dans la prévention, notamment la prévention tabac chez les jeunes femmes. Le cancer du poumon augmente chaque année de 5, 3% sur cette tranche d'âge. Comment faire en sorte que le message passe mieux, soit mieux assimilé. Il faut aussi travailler sur la recherche en épidémiologie pour traiter toutes les informations, même les plus complexes afin de connaître toutes les causes du cancer non encore connues. Pour ce qui est de la recherche en règle générale, l'élément le plus fondamental reste les cancers les plus rebelles, les plus rétifs comme le cancer triple négatif, cancer du pancréas... Essayer d'améliorer encore les potentialités de l'immunothérapie...
Quelle sera la teneur de la conférence que vous donnerez à Saint-Étienne, La voie bonne : l'éthique au quotidien ?
Elle sera fondée sur un livre que j'ai publié cette année, L'éthique dans tous ses états, qui explique ce qu'est la base de l'éthique. Dans ce livre, en réalité, je ne décline pas l'éthique en fonction des sujets de bio-médecine. Je le fais beaucoup depuis plus de 40 ans à travers toutes mes activités de comités de bioéthiques français et internationaux... Cette réflexion sur l'éthique est basée sur une pensée philosophique. Je vais expliquer ce qu'est cette base, la raison pour laquelle il existe des barrières qui délimitent globalement ce qu'est la vie bonne, la voie bonne. S'y engager est vraiment l'objet de l'éthique. Comme c'est dans le cadre d'une invitation par le comité Loire de la Ligue contre le cancer, je donnerai des exemples d'application dans le domaine de la bio-médecine.
- Axel Kahn, conférence "La voie bonne : l'éthique au quotidien", jeudi 26 septembre à 20h30 à l'auditorium du siège du groupe Casino à Saint-Étienne. Entrée gratuite sur inscription sur cette page
- Journée portes ouvertes des nouveaux locaux du comité Loire de la Ligue contre le cancer, lundi 7 octobre de 10h à 18h, au 4 Rue Emile Noirot