Tout est chaos…

En adaptant Candide sur la scène de la Comédie de Saint-Etienne, Arnaud Meunier convoque une nouvelle fois un Grand Texte de la littérature française au profit d'un discours des plus contemporains. 


Candide, ou l'histoire d'une désillusion. Candide, ou l'œuvre des Lumières la plus lue dans le monde, celle que l'on découvre adolescent, sur les bancs du lycée. Celle qui sert d'appui à la formation de notre esprit critique. Candide, ou le moyen choisi par Voltaire pour toucher le grand public, et pas seulement les élites de la société. Ambition partagée aujourd'hui par Arnaud Meunier, qui adapte ce mois-ci le conte philosophique sur les planches de la Comédie de Saint-Etienne. Avec ce projet de troupe  - on retrouve sur scène une dizaine de comédiens - le metteur en scène invite les spectateurs à se départir de la bienséance et des bonnes mœurs, de l'ordre établi et de leurs propres croyances.

Un conte plus que jamais d'actualité

Un résumé, s'il en est besoin ? Candide, à qui l'on a raconté avec vigueur que le monde créé par Dieu ne peut être que parfait, va bien vite déchanter. Chassé du château du baron de Thunder-ten-tronckh, où il a été élevé, le jeune homme va découvrir la guerre, l'atrocité et la bêtise humaine, l'égoïsme des hommes. Lui aurait-on menti ? « Si c'est ici le meilleur des mondes possibles, que sont donc les autres ? », se demande-t-il d'ailleurs à lui-même, alors que ses péripéties se transforment petit à petit en une véritable quête initiatique... Plus d'actualité que jamais.

Une comédie acide

Ce voyage rocambolesque, Voltaire en fait une comédie acide sur les puissants du monde ou les religions, avec toute l'irrévérence, l'ironie ou les sarcasmes qui ont fait de lui l'un des auteurs les plus épris de liberté que l'Histoire ait connu. Aujourd'hui, Meunier sert la-dite comédie grâce à une mise en scène inspirée de la Petite bibliothèque philosophique de bédéiste Joann Sfar. Univers débridé, chant joyeux, cette œuvre pionnière dans l'engagement contre l'oppression devient ici une pièce poil à gratter, qui par l'humour nous interpelle, nous questionne et nous dérange. On se marre, sans doute pour ne pas pleurer de constater que l'Homme a perdu tout bon sens, depuis déjà un bon paquet d'années.

Candide, du mercredi 2 au vendredi 11 octobre à la Comédie de Saint-Étienne


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