Bazbaz : « Un joyeux bordel ! »

Camille Bazbaz a sorti en 2019 son neuvième album, Manu Militari. Un album où il fait la part belle à l'amour dans les textes et au reggae dans la musique. Il passe par Saint-Étienne le 11 octobre. L'occasion de lui poser quelques questions en amont de ce concert.


Contrairement à tes précédents albums, tu as fait appel à deux personnes pour t'aider dans la composition de Manu Militari ?

Oui, nous avons fait ce projet à trois avec d'ailleurs un Stéphanois qui s'appelle Feed et un autre ami, Chet. Nous avons beaucoup travaillé la musique avec Feed, les arrangements entre autres. Chet m'a aidé sur les paroles.

Pourquoi avoir choisi cette formule pour créer cet album ? Était-ce à cause de la BO du film En Liberté de Pierre Salvadori que tu étais en train de créer en parallèle ?

Peut-être... Comment te dire, ce n'était pas vraiment réfléchi. Cela est apparu comme ça, pendant que je faisais la musique de ce film. Chet, avec qui je travaille depuis longtemps, a déjà écrit des textes pour certains de mes albums. Il m'a dit, « tiens j'ai rencontré un mec, Feed, qui a fait ça, qu'est-ce que t'en penses ? » J'ai trouvé mortel ce qu'il m'a fait écouter et je lui ai dit en rigolant « On dirait du Bazbaz ! » Partant de cette blague, on a commencé à travailler sur cet album. Un joyeux bordel !

Pourquoi ce nom Manu Militari ?

Déjà, c'est le titre d'une chanson. Et puis ça sonnait pas mal. C'était une sorte de pied de nez à de nombreuses phrases guerrières que l'on entend souvent, notamment sur les chaînes télé d'informations en boucle, « manu militari,  les forces de l'ordre... » etc. Cela a fini par nous flasher et l'idée est venue de retourner cette phrase conquérante sur le thème de la tendresse et de la caresse.

Sur scène, as-tu encore à tes côtés les musiciens du Gang des Niçois ?

Ce ne sont pas eux sur scène pour cet album. On retrouve justement Feed à la guitare et à la basse. À la batterie, j'ai un pote de Maubeuge et au son, un mec d'Orléans. Nous sommes donc en trio. Ça sonne plus reggae qu'avec le Gang des Niçois où c'était plus rock'n'roll. Je reviens à mes amours éternelles pour le reggae. Manu Militari sonne presque plus reggae que mes autres disques. Mais encore une fois, on ne fait pas des choses très réfléchies. On fait les chansons les unes après les autres et l'album donne une photographie à un moment donné de ce travail.

Le fait d'avoir été nommé aux César 2019 pour la BO d'En Liberté, est-ce que ça change quelque chose pour toi ?

Écoute, c'est un truc de fou, j'étais très fier et content ! Cela ne change rien dans le fonds mais tu es content de voir que tu existes. J'ai fait cinq BO de films toujours avec le même réalisateur, Pierre Salvadori. En Liberté a été nommé neuf fois mais aucun de nous n'a reçu de prix. Mais on était hyper content de pouvoir être là, de profiter de ce moment. Cela nous était égal d'avoir gagné ou perdu.

Lorsque tu travailles sur une BO, est-ce que tu attends d'avoir les images pour travailler la musique ou est-ce que le réalisateur te donne une idée de son film en amont pour que tu puisses commencer à composer ?

Les deux en fait. Déjà, c'est une discussion avec le réalisateur et son monteur, à propos de l'ambiance qui devra régner dans le film. Mais le vrai boulot, qui scelle le tout, c'est quand je travaille sur les images. Même si j'ai lu le scénario et que j'ai une idée, c'est une fois que le film est concret que je peux vraiment avancer. C'est un boulot très différent que celui de composition de ses propres chansons. Ici, tu es au service du film et du réalisateur. C'est vraiment cool. Il faut suivre le réalisateur, dans ses certitudes et dans ses doutes, c'est passionnant. Un film, c'est beaucoup de monde qui travaille dessus, peut-être 200 personnes. Mais au final, tu as un réalisateur, une monteuse et un musicien dans une petite pièce. C'est ce que j'ai appris. C'est dingue, c'est de l'art ! Salvadori possède un style un peu particulier, donc c'est vraiment un artisan, il travaille, il cherche, sans certitudes et on sent quand c'est bien.

Tu vis à Troyes. Est-ce que c'est une ville dynamique, qui t'inspire, dans laquelle tu te sens bien ?

Oui, il y a des choses positives. Comme partout, il y a pas mal de musiciens. Je suis né à Paris, c'est un autre angle de vue. À Troyes, il y a un lieu génial qui s'appelle The Message. C'est un petit magasin de vinyles mais qui organise de nombreux concerts et qui fait bar aussi. C'est genre "Le Paradis" parce que tu peux boire gentiment des coups et écouter des disques. J'écoute beaucoup de musique dans ce magasin, de l'électro, des trucs africains... J'y ai également joué de nombreuses fois. C'est un lieu un peu underground et dans une petite ville de province, c'est beaucoup.

Bazbaz [+ Dju], vendredi 11 octobre au Fil


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