"Hors Normes" : Pas sages mais protégés

De Eric Toledano & Olivier Nakache (Fr., 1h54) avec Vincent Cassel, Reda Kateb, Hélène Vincent…


Au sein de leurs associations respectives, Bruno et Malik accueillent ou accompagnent des adolescents et jeunes adultes autistes mettant en échec les circuits institutionnels classiques. Quelques jours dans leur vie, alors qu'une enquête administrative frappe la structure de Bruno…

Ceux qui connaissent un peu Nakache & Toledano savent bien que la réussite (et le succès) de leurs meilleurs films ne doit rien au hasard, plutôt à une connaissance intime de leurs sujets ainsi qu'à une envie sincère de partage : Nos jours heureux, puis Intouchables, puisaient ainsi à des degrés divers dans leur vécu commun et complice. Ainsi, Hors Normes “n'exploite pas un filon“ en abordant à nouveau à la question du handicap, mais souligne l'importance que les deux auteurs accordent aux principes d'accueil et d'entraide sous-tendant (en théorie) notre société ; cet idéal républicain décliné au fronton des bâtiments publics qu'il célèbrent film après film dans des fables optimistes et humanistes.

Hors Normes est construit sous cette forme de chronique “loachienne“, tenant davantage du manifeste que de la comédie à gags : au fur et mesure s'impose le caractère indispensable des associations investissant le secteur sanitaire et social, ainsi que que leur rôle dans l'insertion. Le dernier quart d'heure du film, carrément clipé et scandé de panneaux reproduisant des extraits des rapports administratifs (plutôt bienveillants) constatant le bien-fondé des obstinés ayant inspiré l'histoire, frise avec la bande promo. Mais son message chaleureux, communicatif, atténue l'agacement. On peut espérer que la force de frappe médiatique de la sortie donne un coup de projecteur salutaire sur les structures s'impliquant dans le secteur. Et que surtout l'État assume enfin le fait que son absence coupable de moyens alloués à un accompagnement digne conduit des altruistes révoltés à créer des associations semi-légales. La nature humaine a horreur du vide.


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