Grand-père !


Il y a des millions et des millions de grands-pères allant du moderne qui tapent encore dans l'jambon au paysan qui vit au rythme des saisons ! L'œil creusé, observant l'monde actuel avec circonspection ! Dans les yeux d'un môme, un papy c'est un homme qui a connu tellement d'choses, même son année de naissance est conceptuelle. « 1921 ? Mais genre en 61 t'avais déjà 40 balais ? » « Ben c'est un peu le principe mon grand, oui ! » Mon grand-père maternel c'était une montagne, un Everest, la Lune, Neptune, l'infini ! Au p'tit matin, il jaquetait de la guerre alors que je jouais aux jeux figurant au dos de la boîte de Chocapic ! Être le grand-père d'un p'tit con... en voilà une engeance ! En mon for intérieur je pensais : « C'est pas que tes histoires avec les Allemands ne m'intéressent pas mon Ménard mais là y'a Juliette je t'aime qui va attaquer avec ses enoooooormes meules ! » Plus tard, j'ai vu la version pornographique du manga, plus aucun intérêt ! De l'importance de la suggestion. Sans transition, je pense que c'est lié à la guerre mais il n'avait peur de rien l'ancien. À 14 ans, il me faisait conduire sur les nationales, un p'tit 110 de courtoisie. Il s'était fait arrêter par la Police française en 43 alors, pensez donc, il avait en lui ce sublime coté anar'. Il y mettait même un coup d'klaxon aux flics quand j'étais au volant. Il était beau aussi mon grand-père, à 70 balais passés y'avait de la cougar qui s'en s'rait volontiers laisser conter. J'me disais, il a du en dérouler l'Seigneur ! Un élégant du service trois pièces. Mes grands-parents étaient encore ensemble après 50 ans de mariage... La magie de la longévité passe aussi parfois par l'Art de la craquette bourgeoise, un peu camouflée...surtout camouflée... Une bonne couverture vaut mille avocats. Sinon y'aurait pas d'bouquins, pas d'films, pas d'correspondances erotico-littéraires, pas d'théâtre, pas d'opéra... sinon aujourd'hui Luchini ne porterait pas son p'tit perfecto en cuir à la télévision en tirant la langue avec "fourette LV1" en porte-étendard. Le chalutage du panier reste un axe majeur de la créativité dramatique... avec le meurtre, les yeux d'Isabelle Adjani et les histoires d'héritage. La vie chabrolienne nécessite de la dentelle aux chevilles et des chuchotements d'braguettes... sans blague, on n'est pas des mormons nom d'un Bleu d'Auvergne ! On prenait l'Zodiac et on partait pêcher à la palangrotte quelques menus poissons pour qu'Huguette, la régulière, ma mamie beauvoirienne, nous concocte une soupe avec rouille, gruyère et croûtons à l'ail.. Àà la fin du repas, le septuagénaire faisait même chabrot avec sa p'tite cuvée de Provence des frères Marcel. Mon grand-père savait faire des choses de ses mains comme l'électricité, la mécanique, construire une extension d'maison, réparer une fosse sceptique, travailler les jumelles Sanchez... L'autre jour j'ai été obligé de regarder un tutoriel pour changer la roue du Scenic. Honteux ! Odieux ! Infâme ! Chose mollasse et urbaine que je suis, "uberisé" jusqu'au bout d'mon trognon. Je ne serai pas grand-père comme mon grand-père... ça m'inquiète un peu. « Oui, je beuglais pour faire des vidéos dans ma caisse, c'était mon job mes chéris ! » Mes petits-enfants auront un machin de réalité virtuelle sur la tronche et personne ne m'écoutera. Ainsi vont les choses et finalement c'est très bien comme ça.


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