"Les Éblouis" : Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir

De Sarah Suco (Fr., 1h39) avec Camille Cottin, Jean-Pierre Darroussin, Eric Caravaca…


Depuis que sa famille a rejoint la communauté chrétienne de Luc-Marie, Camille a vu sa mère sortir de son apathie dépressive. Mais les règles et les rites qui lui sont imposés, ainsi qu'à ses frères, l'étouffent. Camille sent bien l'anormalité de cette aliénation souriante, au nom de la foi…

Dans une semaine faste en films d'épouvante, Les Éblouis ne dépare pas. S'inspirant de ses souvenirs personnels, la comédienne Sarah Suco signe un premier long métrage d'autant plus effrayant qu'il se passe d'effets en décrivant au jours le jour et à travers les yeux d'une adolescente, les conséquences du mécanisme d'embrigadement sectaire. Comment un loup aux allures débonnaires se déguise en berger pour attirer à lui les proies qu'il a flairées fragiles — en l'occurence, la mère de Camille, dépressive et flétrie dans son existence. Et parvient à tout obtenir d'eux grâce à un conditionnement culpabilisateur.

Se revendiquant du christianisme et pratiquant une lecture très personnelle des Écritures, la “communauté“ déviante de Luc-Marie est l'un de ces trop nombreux cercles de fêlés prétendant détenir la Vérité en droite ligne et se permettant sur cette assertion les pires outrages. La preuve que tous les monothéismes peuvent produire des brebis frappadingues — sans parler des polythéismes.

S'il est en revanche une vérité indubitable, c'est celle que les interprètes dégagent — sont-ils possédés par les personnages ? En tête, Camille Cottin (malgré sa perruque) et Jean-Pierre Darroussin, parfait du sourire patelin aux sandales de pèlerin. L'un des pires ogres qu'on puisse imaginer, puisqu'il fait semblant d'être végétarien…


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