Camusez-vous bien

Avec Caligula, la compagnie Lalalachamade propose un jus de crâne sucré-acide, ou comment la vie est stupide et mieux vaut en rire.


Si la mort est absurde, la vie peut-elle l'être un peu moins ? Nous, les Hommes, ne pouvons-nous pas être autre chose qu'un simple tout petit tas de trois fois rien, asservi à quelque chose de supérieur ? La liberté totale est-elle possible, et peut-elle rendre plus forte l'humanité ?

A la mort de sa sœur et maîtresse Drusilla, l'empereur Caligula bascule. Non que le chagrin le ronge, mais l'idiotie de la condition humaine l'obsède : quel plus grand scandale que celui de la bêtise des dieux, qui donnent la vie et la mort à des hommes qui ne peuvent être heureux ? Lui qui, jusqu'ici apprécié du peuple de Rome, régnait dans la paix et la naïveté, se lance alors dans une entreprise sanguinaire. Plus de foi, plus de loi si ce n'est les siennes.

En quête d'impossible

Puisqu'il ne peut le vaincre, Caligula, veut devenir lui-même le destin. Dans une cruauté insensée, l'empereur sème la terreur parmi ses sujets devenus ses pantins, s'octroyant sur eux le droit de vie et de mort... Caligula veut la lune, l'impossible, il veut davantage que ce que son pouvoir lui permet déjà, refusant l'entrave et la petitesse de l'homme dans l'univers.  Mais quand certains applaudissent, flatteurs et sans doute apeurés, d'autres sont déjà en train de mijoter. La rébellion bout, puis gronde, et lorsqu'elle frappe à sa porte, l'empereur ne s'y oppose pas mais s'y soumet : si Caligula doit mourir, c'est en vainqueur, dans un appel à la révolte de l'homme pour la justice et contre l'absurdité de la vie.

Inspiré par l'Histoire, Camus écrit son Caligula à l'aube de la guerre, dans une première version qui sera remaniée en 1944. 75 ans plus tard, l'empereur continue à nous souffler à l'oreille toute sa pertinence, en même temps que le ton acerbe et l'ironie de l'écrivain nous amusent. Mieux vaut en rire, et tant pis si c'est jaunâtre. Car, tandis que l'on assiste à l'horreur de la tyrannie, on ne peut s'empêcher de se demander quel sera le Caligula qui nous poussera à nous rebeller à notre tour, non face à la bêtise des dieux mais face à celle du monde...

Caligula, le 24 janvier à l'espace La Buire à L'Horme et les 30 et 31 janvier 2020 au théâtre du Parc à Andrézieux-Bouthéon


<< article précédent
Parlez doucement, vous êtes au cirque