Coup de grisou

La nouvelle exposition du musée de la Mine, Kata, catastrophes minières, est une réussite. D'utilité publique, cette proposition nous permet de comprendre plus en détail comment ces accidents meurtriers ont pu se dérouler tout en abordant des aspects autant historiques, culturels, humains ou scientifiques, mis en lumière par des photos, des vidéos, des objets mais également des oeuvres d'art créées pour l'occasion.


« On descendait mais on ne savait jamais si on remonterait ». Voilà une citation tirée d'une des entrevues filmées proposées au sein de Kata, catastrophes minières et qui résume assez bien le ressenti des mineurs de fond à chaque prise de poste. Cette nouvelle exposition temporaire proposée par le Puits Couriot/Parc-musée de la Mine stéphanois permet au visiteur d'en apprendre davantage sur les accidents survenus, non seulement dans les mines stéphanoises, mais également en France et dans le monde – la frise chronologique à l'entrée de l'exposition permet d'en avoir un aperçu assez vaste. Mais loin de simplement accentuer son propos sur un quelconque aspect spectaculaire de ces malheurs, cette exposition, quoique un peu courte, parvient à combiner trois approches complémentaires sur ce sujet qui touche forcément le cœur et l'âme de chaque Stéphanois.

Science, histoire et sensibilité

Véritables points forts de Kata, catastrophes minières, les angles d'attaques choisis pour illustrer les coups de grisou, coups de poussier et autres inondations des mines apportent une vision générale fournie. À travers un angle historique, scientifique mais également immersif et sensible, Kata parvient à décrire ces traumatismes avec des composantes techniques, culturelles, individuelles aussi bien que collectives. Au moyen de panneaux explicatifs, témoignages vidéos précieux d'anciens mineurs, installations artistiques, documents d'archives... le visiteur, petit ou grand, trouvera de quoi en apprendre suffisamment pour comprendre un peu de cette souffrance causée par tant d'épisodes ayant ébranlé la vie de notre région.

Kata, catastrophes minières, jusqu'au 25 mai 2020 au Puits Couriot/Parc-musée de la Mine


Marc Chassaubéné : « Rendre hommage aux mineurs sans tomber dans du sensationnel »

L'adjoint à la culture de la Ville de Saint-Étienne nous explique la décision de monter une expo dédiée aux catastrophes minières, leurs causes et leurs conséquences.

À quoi correspond l'exposition Kata, catastrophes minières pour le musée de la Mine ?

Elle s'intègre dans un cycle nouveau pour le musée de la Mine car il n'y avait pas ou peu d'expositions temporaires auparavant. Dans le cadre du nouveau projet, mené par sa directrice Marie-Caroline Janand, il y a désormais un cycle d'expositions régulier. La première était Mine en séries et la seconde est donc Kata, catastrophes minières. Elle répond à une demande provenant des Amis du musée de la Mine et des anciens mineurs, qui souhaitaient depuis très longtemps que l'on évoque la thématique du coup de grisou et plus largement des catastrophes minières. Nous avons souhaité débuter avec cette exposition. Je dis bien débuter car elle ouvrira sans doute à d'autres dimensions plus pérennes notamment avec des salles dédiées à ce thème.

Quel est l'objectif de cette exposition ?

C'est de donner un regard objectif et scientifique tout en rendant hommage aux mineurs mais sans pour autant tomber dans le pathos, l'affect et dans une dimension sensationnelle. Cela aurait pu être facile sur un sujet tel que celui-là. Nous avons reproduit un coup de grisou avec une dimension immersive, mais nous restons dans un regard objectif de l'événement. Il ne faut pas oublier que l'on se situe ici sur une thématique profonde, grave avec un aspect scientifique très intéressant. Il y a un respect de la mémoire et de la souffrance. C'est une thématique délicate et le pari est plutôt réussi.

Autour de cette exposition, s'est également déroulée une résidence d'artistes fin octobre avec différentes disciplines représentées : dessin, BD, photo... Il y a un rendu de ces travaux ?

Oui, tout à fait. Il y a des photos de performances réalisées, des planches de BD... tout cela sera compilé dans un ouvrage de près de 200 pages et en lien avec l'exposition. Il y a donc toute une démarche de création et de diffusion de l'image de la mine à travers d'autres regards, notamment artistiques. Cela correspond également à un nouveau positionnement pour le musée.


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