Plouf

Avec "Piscine(s)", François Bégaudeau signe une critique acerbe de notre société consumériste, nous renvoyant à notre incapacité à faire mieux.


Elles ont toujours été comme ça, les piscines. Autour d'elles, se scellent les destins. Romy Schneider et Alain Delon. Ludivine Sagnier et Charlotte Rampling. Finat Ayverdi et Vincent Lindon. Burt Lancaster et le vide de sa vie. Et maintenant, Paul. Paul et ses amis.

Faire péter le couvercle

Autour de cette piscine-là, gigantesque, qui mange tout l'espace scénique, François Bégaudeau nous propose de plonger au cœur d'une bande de potes, qui aiment y partager leurs moments de vie : fêtes, apéros, siestes, anniversaires… Tout a toujours été prétexte à se foutre en maillot de bain. Jusqu'à ce que Paul, quadra en pleine crise, ne vienne les bousculer. La société déconne, il faudrait faire quelque chose. Invitant ses amis bourgeois au réveil, au sursaut, à faire péter le couvercle d'un monde anesthésié, l'homme prend l'envie de convaincre, sans se douter que ses secousses pourraient lui revenir en pleine gueule. Car qui est-il, lui, pour se permettre de critiquer ses proches et leur comportement ? Est-il mieux que les autres ? Fait-il tout bien comme il faut ? Ou doit-on lui rappeler qu'il est au moins aussi bourgeois que ceux à qui il s'en prend ? Que lui aussi a des failles, et de beaux ratés ? Ses amis s'en chargeront, retraçant avec lui son histoire, ses revers, ses débâcles, reconstituant peu à peu, autour de cette piscine qui a vu passer tant d'instants, le puzzle de ses échecs.

Surtout, pas de question

Avec cette pièce aux accents et aux décors acidulés, François Bégaudeau nous entraine sur son terrain de jeu favori : la critique de notre société consumériste, dans laquelle on se vautre en évitant toujours de se poser les questions qui nous fichent le moral dans les chaussettes. Lucides nous le sommes tous, sur ce qui nous entoure. Conscients de la marche à l'envers du monde, de l'absurdité de nos faits et gestes, de la connerie de nos vies et des couleuvres que l'on avale… Et pourtant, on les gobe ! Et si quelqu'un nous somme de les recracher… On dit juste que c'est trop tard, parce qu'on a déjà digéré.

Piscine(s),  du mardi 11 au jeudi 13 février, à La Comédie de Saint-Étienne


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