"La Communion" : Père d'adoption

De Jan Komasa (Pol., 1h55) avec Eliza Rycembel, Aleksandra Konieczna, Tomasz Zietek…


En centre de détention juvénile, Daniel découvre la foi et vise le séminaire. Son casier jouant contre lui, il est dirigé vers la menuiserie d'un village. Mais peu avant de s'y présenter, il se fait passer pour prêtre et, de fil en d'aiguille, devient le charismatique prêcheur de la paroisse…

Une petite communauté empêtrée dans un deuil et une culpabilité impossibles à dépasser, un jeune homme charismatique consumé par son idéal et son propre passé… La Communion évoque la parfaite synthèse entre Un homme est passé de Sturges et ces films contemporains slovène (Conséquences de Štante), ukrainien (The Tribe de Slaboshpytskiy) ou russes (Le Disciple de Serebrennikov ; L'Insensible de Tverdosky) évoquant soit de jeunes délinquants, soit de faux prophètes — les deux n'étant pas incompatibles. Implanté dans le sol polonais, cet hybride prospère tant profonde est la religiosité de cette terre catholique et vivace l'emprise des ministre du culte sur les populations.

Bien loin de tout manichéisme, le très adroit Jan Komasa ne fait pas de son usurpateur un profiteur : il donne plus qu'il ne “vole“ à la paroisse en exhortant les fidèle à la réconciliation, en les sortant de la torpeur où la haine, la rancune, l'avidité les avait plongés. Un peu à l'image de l'apôtre Paul, il porte un message pur en ayant fait fait l'expérience d'avoir été lui-même souillé, ce qui le rend plus humain. Et plus crédible que son auditoire, un ramassis d'hypocrites, lâches et cruels persuadés, à l'inverse, de sa probité candide. Avec sa beauté du diable, son magnétisme troublant et son prénom de prophète biblique, Daniel n'a rien d'orthodoxe dans son attitude — d'autant qu'il fume, boit, baise, donne des coups de boule à l'occasion — mais comme l'abbé Donissan de Bernanos, il accomplit son miracle. Les voies de la providence sont impénétrables…


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