Si c'était de l'amour : InDensité

De Patric Chiha (Fr., 1h22)…


Au commencement était une pièce chorégraphique, Crowd. Et puis Patric Chiha a posé ses caméras pour suivre le travail de la troupe de Gisèle VIenne, des répétitions aux coulisses, entremêlant instants de vie et bouts de live…

Les premières images surprennent autant qu'elles mettent en condition : elles montrent un homme asperger un par un, comme s'il s'agissait de banales récoltes, des couples s'apprêtant à prendre part à une soirée à musique poup-poum. Plus étrange, cette séquence qui semble singulièrement ralentie, défile à sa vitesse normale : ce sont les protagonistes qui freinent leurs mouvements, synchrones dans leurs gestes retenus. L'effet — réussi — restitue sans ses désagréments collatéraux la pulsion stroboscopique de partager la transe d'une rave, sujet de Crowd.

Sensoriel, hypnotique, sensuel également, Si c'était de l'Amour n'est pas la “simple“ captation d'un spectacle dont il ne partage pas le nom, mais une interrogation à l'image de son titre, que les échanges qu'il intègre éclairent délicieusement, sans élucider la question en suspens. Ces irruptions dans le processus créatif montrent des danseurs s'interviewant mutuellement sur leur vie ou sur la construction des personnages qu'ils interprètent, à partir des trames fournies par Gisèle Vienne — laquelle les astreint à une gymnastique intellectuelle à la mesure de ses répétitions chorégraphiques. Souvent joyeux et malicieux, ces moment finissent par dégager une mélancolie faisan écho à l'atmosphère fin de soirée-fin de siècle des raves des 90's. Le fond rejoint la forme.


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