Cav and Pag


Peu d'ouvrages ont scellé leur destin d'une gémellité si grande qu'il semble désormais impensable de les programmer "dé-fusionnés". Cavalleria Rusticana de Mascagni et I Pagliacci de Leoncavallo, opéras fulgurants, font couche commune au Panthéon. Si le label "vériste" fait toujours débat, le courant musical traversant l'Italie lyrique du début du 20e siècle masque des disparités d'aptitudes criantes : Mascagni, Leoncavallo, Cilea ou Giordano aspireront toujours à l'ivresse inspirée du grand Puccini. Quel fil rouge permit donc à "Cav/Pag", unique postérité de leurs auteurs, de transformer l'essai ? Deux faits divers sanglants et passionnels, chargés d'un érotisme torride, Calabre et Sicile sur fond de misère et d'us vernaculaires aux antipodes de ceux du parterre de l'opéra, deux partitions bien léchées, qui suscitent les louanges de la critique, et quelques flèches décochées à l'âme humaine par le truchement d'un lyrisme contagieux mais accessible à tous (Ah ! L'Intermezzo de Cavalleria Rusticana !). Accès idéal pour le profane au temple intimidant de l'art lyrique, "Cav and Pag" allient beauté, intrigue haletante et lyrisme torride. Alors, soyons fous ? Deux petits chefs d'œuvre ?

Cavalleria Rusticana de Pietro Mascagni et I Pagliacci de Ruggero Leoncavallo, du 11 au 15 mars 2020, Opéra de Saint-Étienne


<< article précédent
Le Méliès rembobine encore