Le roi Mouawad et les oiseaux

Avec "Tous des oiseaux", le metteur en scène et auteur Wajdi Mouawad retrouve la verve épique qui lui avait valu un succès dingue au cours des années 2000. Et livre une pièce forte qui n'a pas peur d'aborder la question brûlante du conflit israélo-palestinien.


C'était il y a une vingtaine d'années. Les spectateurs français découvraient le théâtre d'un auteur et metteur en scène libano-canadien nommé Wajdi Mouawad. Et se prirent alors de passion pour ses récits amples, sorte de réactualisation contemporaine des grands mythes antiques.

La décennie 2000 verra ainsi le sacre du roi Mouawad, avec trois hits en particulier : Littoral,  Incendies et Forêts. Des pièces fleuves construites autour de la notion de partage générationnel et du devoir de comprendre ses origines. Et des pièces qui, loin du théâtre qui place le public dans une situation d'inconfort pour mieux l'amener à réagir, assument leur côté grand spectacle capable de fédérer le plus largement possible, et surtout celles et ceux pour qui le théâtre est un art lointain et intimidant.

Retour de hype

Ça c'était pour les années 2000. Puis vint la décennie suivante où, pour faire court, l'on perdit un peu Wajdi Mouawad. Jusqu'à son arrivée en 2016 à la tête du théâtre de la Colline à Paris, temple dédié aux écritures contemporaines. C'est là qu'il a créé en 2017 Tous des oiseaux, spectacle dans lequel on retrouve tout ce qui fait le sel de son théâtre, et notamment son fameux souffle lyrique.

Où il est question ici d'un jeune couple (lui, juif allemand ; elle, arabe américaine) plongé malgré lui dans le conflit israélo-palestinien. Comme souvent avec Mouawad, la grande Histoire se confronte à d'autres plus intimes, comme celles de la cellule familiale, source de nombreux drames cachés qui assurent leur lot de rebondissements.

En quatre heures qui se déploient avec tenue (mais non sans quelques grosses ficelles), Mouawad happe le public, l'emmenant parfois habilement sur le terrain (inattendu vu le sujet) de l'humour. Tout ça en différentes langues en fonction des personnages et des pays dans lesquels ces oiseaux sans frontières se trouvent : un parti pris audacieux (et brillamment interprété) qui donne une force supplémentaire à cette aventure réjouissante qu'on est ravis que La Comédie programme.

Tous des Oiseaux, du vendredi 13 au dimanche 15 mars à La Comédie de Saint-Étienne


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