"Kongo" : Ombres et justice

de Hadrien La Vapeur & Corto Vaclav (Fr.-Cong., 1h10)…


Brazzaville. Lorsque l'on est malade ou possédé, l'apôtre Médard est celui que l'on vient voir depuis des lustres pour obtenir une guérison. Héritier d'une longue tradition, il prodigue gratuitement ses talents, mais accepte les dons. Un jour, on l'accuse devant les tribunaux de se livrer à la magie noire ; il retourne aux sources de son don pour trouver de l'aide…

Cartésiens qui entrez dans ce film, consentez à abandonner une fraction de votre esprit logique. Car ici, c'est une autre loi que celle de la rationalité qui s'applique : l'intangible y est sacré et peut valoir à qui s'en prévaut renommée, relégation, voire condamnation très officielle. Pas besoin de preuve matérielle quand il s'agit de juger des talents d'un guérisseur : la parole seule des uns ou des autres… fait foi, si l'on ose.

Documentaire sociologique captivant, Kongo suit une attention respectueuse les désarrois de Médard comme ses liturgies. La démarche des réalisateurs Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle de Rouch (Les Maîtres fous ou Cocorico Monsieur Poulet pour la partie sorcellerie et la description vie quotidienne) ou celle de Sissako lorsqu'il filme les rocambolesques séquences de prétoire dans Bamako. Quoi qu'on pense du paranormal, on ne peut qu'être fasciné par le personnage de Médard et l'apostolat que représente sa mission de “médecin parallèle“.


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