Marc Chassaubéné : « Les villes ont un rôle de premier plan à jouer »

Quels rôles jouent les institutions durant la crise et comment pourront-elles aider les structures culturelles après ? Marc Chassaubéné, adjoint à la culture à la Ville de Saint-Étienne et vice-président de Saint-Étienne Métropole* en charge du design et du numérique, nous donne des éléments de réponses.


Comment maintenez-vous, à la Ville de Saint-Étienne et à Saint-Étienne Métropole, une activitésur le volet culturel ?

Il y a plusieurs choses. Tout d'abord, nous essayons de maintenir un lien avec le public grâce à la présence en ligne de nos services, de la manière la plus réactive possible. Par exemple, la cinémathèque a ouvert ses fonds sur Internet, les médiathèques ont réagi en augmentant la disponibilité des ouvrages numériques… Malheu­reusement en matière de spectacle vivant, les possibilités sont bien plus limitées. Mais l'ensemble de nos services est mobilisé et disponible au téléphone pour répondre aux inquiétudes des compagnies, des groupes, des artistes, du public, qui sont très nombreuses… Ces interrogations touchent les programmations de nos événements mais également les salles du territoire ou des événements indépendants. Les services de la Direction des affaires culturelles répondent donc à toutes ces questions. Bien évidemment, des interrogations demeurent à propos des événements prévus en début d'été. Mais ces doutes sont présents chez tout le monde et nous essayons de répondre au jour le jour, selon les informations dont nous disposons. Je tiens ici à exprimer la compréhension de toutes et tous à propos de l'urgence sanitaire. Dans le milieu culturel, c'est très partagé. Nous avons même reçu une proposition formidable d'intermittents du spectacle pour monter des structures d'urgence en cas de besoin (cf interview de Gio Garcia).

À l'heure à laquelle nous parlons (26 mars), les événements municipaux sont officiellement annulés jusqu'à quand ?

Nous sommes certains que les événements municipaux des mois d'avril et mai n'auront pas lieu. Se pose la question de la Fête de la musique, des Roches Celtiques, des festivals municipaux qui arriveront par la suite. Nous invitons les artistes, les intermittents et l'ensemble des prestataires concernés à faire preuve de prudence. Nous gérons les situations par priorités. Y compris pour les festivals tels qu'Avignon, où nous invitons les compagnies à bien réfléchir à leurs engagements professionnels sur ces sujets. Ce qui est certain, c'est que nous resterons présents tant qu'il le faudra pour veiller à la stabilité financière des structures culturelles car c'est une inquiétude majeure. Les acteurs culturels s'interrogent beaucoup, par exemple sur le maintien des subventions. Le maire s'est exprimé clairement sur ce sujet, en disant que les subventions déjà versées ne seraient pas remises en question. Ensuite, il y aura une deuxième phase avec une étude au cas par cas de la situation de chaque structure culturelle, salle, événement, compagnie… Pour être certain qu'ils ne se retrouvent pas dans des situations trop compliquées. Cela signifie pour des structures qui annulent des événements, de faire l'état des lieux des frais déjà engagés, du coût de ces événements et des conséquences directes de ces annulations. Pour l'instant, nous n'en sommes pas encore là, car nous n'avons pas suffisamment de visibilité sur l'avenir.

Il faudra être très présent car les annulations d'événements auront des impacts sur de nombreux secteurs d'activités.

Au niveau de la Métropole, les dispositions sont-elles assez identiques dans les différentes communes ?

Il y a une difficulté qui s'ajoute ici, ce sont des conseils municipaux qui ne sont pas encore en place, à la suite des Municipales. Dans la majorité des villes de Saint-Étienne Métropole, le deu­xième tour est nécessaire. Si les municipalités sont passées au premier tour, elles ne sont pas encore installées. Cela complique les situations. Mais à l'échelle nationale, on l'a vu à travers les communications de l'association des maires de France ou de la commission culture de France urbaine, la mobilisation est la même partout. Il faudra être très présent car les annulations d'événements auront des impacts sur de nombreux secteurs d'activités, pas seulement sur les organisateurs mais aussi sur les prestataires techniques, alimentaires… Notre priorité, chez les élus à la culture, sera bien entendu que les structures culturelles survivent.

Selon vous, y-aura-t-il des structures culturelles qui risquent de disparaître ?

Je pense que le danger est réel. Pour les institutions culturelles, c'est peut-être moins le cas mais pour des petites compagnies, des petits théâtres, des prestataires… qui ne possèdent pas une sécurité financière très importante. L'équilibre de ces structures est très fragile. Le gouvernement s'est prononcé sur l'intervention de l'assurance-chômage pour les intermittents, c'est une bonne nouvelle mais ça ne sécurise pas tout. Il faudra que nous soyons très vigilants. Cela dit, il faut bien se rendre compte qu'il n'existe pas un seul secteur économique qui ne soit pas impacté par cette crise. La culture ne fait pas exception. Et précisons également que toutes les collectivités sont très mobilisées, on l'a vu par exemple avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes qui a envoyé des signaux très clairs pour accompagner les acteurs culturels. Mais les villes ont quoi qu'il en soit un rôle de premier plan à jouer.


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