Étienne Delesse : « Tant qu'on aura le cœur qui bat, on continuera »

Étienne Delesse est technicien et chargé de production pour la salle de spectacles stéphanoise Le Pax, située rue Élisée Reclus mais également responsable du label stéphanois Carotte Productions. Il représente de ce fait assez bien les “petites” structures culturelles du territoire, forcément impactées par le confinement. 


Comment est gérée la salle du Pax ?

C'est une association qui gère le lieu, Deltamax, avec un bureau, c'est classique. Nous n'avons pas de directeur ni de salarié en CDI, ce ne sont que des intermittents qui interviennent. Nous essayons d'aller vers un emploi fixe mais nous n'avons pas encore suffisamment de moyens pour le moment.

Combien de personnes travaillent régulièrement au Pax ?

On peut parler de 5 à 6 personnes qui représentent le noyau dur. Ce sont des techniciens et des attachés de production. Nous avons également des personnes en stage ou en service civique. Au total, cela fait une dizaine de personne qui naviguent sur toutes nos activités.

Le Pax est encore une structure fragile, c'est donc évidemment compliqué.

Comment le confinement a impacté le Pax ?

Nous avons une saison qui se divise en deux parties, de début octobre à mi-décembre puis de février à fin avril. Evidemment, avec la fermeture depuis le 14 mars, ça a mis en l'air la dizaine de dates qu'il nous restait à assurer, sans compter la deuxième édition du festival PCV que l'on organise avec le Chok Théâtre et le Verso. D'autre part, les mises à disposition du lieu, activité qui permet d'atteindre notre équilibre financier, ont également été annulées. Nous en avions encore une dizaine sur cette période entre les locations et les résidences d'artistes. Nous sommes en train de regarder les possibilités qui existent et qui pourront nous aider. Surtout que le Pax est encore une structure fragile, c'est donc évidemment compliqué. Cette situation fait un peu peur car c'est sans précédent.

Allez-vous essayer de reporter les dates annulées et arrivez-vous à construire sereinement la prochaine saison ?

Si nous pouvons reporter certaines dates, nous allons essayer mais nous sommes encore bien sonnés. Surtout que la visibilité n'est pas très claire encore, même si nous savons que ça ne durera pas. Nous proposons une trentaine de rendez-vous par an, donc nous allons nous retrouver dans un goulet d'étranglement et il sera difficile de tout rentrer. On retrouvera d'autres opportunités pour les dates annulées, peut-être dans un an.

As-tu eu des contacts avec d'autres structures locales associatives ? Penses-tu qu'il pourrait y avoir des dégâts à ce niveau ?

Dans l'état actuel des choses, nous ne sommes pas les seuls dans une situation fragile. Nous essayons d'échanger sur les mesures qui seront mises en place. Il y a pour tout le monde un problème de survie. Il est sûr que si nous n'avons pas de réponses concrètes à propos des moyens de poursuite de nos activités, en effet ça deviendra critique. Parallèlement, je m'occupe du label Carotte Productions avec lequel nous avons dû annuler une vingtaine de dates, avec notamment des programmateurs qui ne prennent pas de risques et annulent jusqu'à fin juin. En termes financiers, c'est encore plus impactant pour le label que pour le Pax. J'espère aussi que nous aurons des aides à ce niveau. En ce moment, il y a des sons de cloches très différents selon les déclarations... Cela étant, je ne veux pas tirer sur le pianiste car il faut rester tous ensemble et ne pas penser qu'à soi. Tous les secteurs d'activité sont touchés et pas seulement la culture, loin de là.

Comment les gens peuvent soutenir les petites salles et les acteurs culturels ?

Tant qu'on aura le cœur qui bat, on continuera. Donc la meilleure chose qu'ils peuvent faire, c'est de venir nous voir quand nous rouvrirons !


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