"Green Boys" : Vertes années

Documentaire de Ariane Doublet (Fr., 1h11) …


Longiligne gaillard de 17 ans, Alhassane a jadis fui la Guinée. Son périlleux voyage l'a mené en Normandie, où une famille l'héberge. Attendant des décisions administratives et d'entamer une formation en mécanique, il passes ses après-midis avec Louka, 13 ans. Deux ados, deux copains…
Bien que bref, ce film est annoncé comme une “version longue“. À vrai dire, on ne voit pas trop ce qui a nécessité cet allongement et où sont les séquences ajoutées. S'agit-il de celles faisant intervenir des promeneurs interagissant au milieu des jeux ou discussions des deux camarades ? Si c'est le cas, elles auraient pu rester dans le chutier tant la mise en scène y malmène le naturel avec ces figurants aussi faux qu'une pièce de 3 euros. Autant rester sur ce qui fait le sel et l'intérêt de ce documentaire : l'histoire d'Alhassane. Entre deux saynètes avec Louka, celui-ci la raconte par bribes (et dans son idiome), parce qu'il est sans doute nécessaire de tronçonner cette lourde vérité en petites pastilles plus faciles à avaler.
Il y a ainsi dans ce film que l'on voit et ce que l'on entend, ce qui est dit et ce qui ne se dit pas, ce qui se devine et ce qui se suppose. Jamais on ne découvre les personnes qui hébergent le jeune réfugié ni comment la relation d'amitié entre les deux ados est née — elle existe, c'est tout, malgré leur quatre années d'écart, une différence considérable à cette âge. Se sont-ils rapprochés parce que voisins ou bien à cause des “différences“ respectives qu'ils représentent aux yeux des autres ? Reste un symbole fort : en construisant une cabane — comme tous les gamins sous toutes les latitudes —, Alhassane transmet à Louka la manière de bâtir une case guinéenne. Mais plante aussi les fondations de son nouveau chez lui, dans ce décor normand que la cinéaste Ariane Doublet ne manque jamais de magnifier.
 


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