Solstice d'été : à la découverte du ciel nocturne 

Laurent Asselin, médiateur scientifique du Planétarium de Saint-Étienne, nous emmène plus haut que les nuages, découvrir ce que recèle le ciel d'été. Levez la tête et les yeux, vous risquez d'être surpris.


Après une agréable journée de juin, alors que le Soleil se couche de plus en plus tardivement et qu'aucun nuage ne l'accompagne pour débuter sa courte nuit, quoi de mieux qu'une nuit sous les étoiles. Fuir pour quelques heures la ville, ses bruits et ses lampadaires et s'installer paisiblement au détour d'un chemin de campagne. Seuls quelques grillons stridulent aux portes de la nuit. Si le coucher du Soleil nous réserve parfois de belles teintes chaudes, dues aux particules présentent dans l'atmosphère de notre planète, c'est à l'opposé du soleil qu'il peut être intéressant d'aller jeter un œil. Un phénomène tout aussi fréquent qu'inconnu du grand public s'y déroule régulièrement. On notera que le ciel, au ras de l'horizon Est-Sud-Est, prendra une teinte bleue soutenue surmontée d'une bande rosée se fondant vers le haut avec le bleu du ciel. Ce phénomène est appelé poétiquement la ceinture de Vénus (et beaucoup plus techniquement l'arche anti crépusculaire !). La partie bleu sombre correspond à l'ombre de notre planète qui se projette sur les basses couches de l'atmosphère. La zone rose, encore éclairée par le Soleil, diffuse sa lumière. Puis, en quelques minutes, toutes ses teintes vont se fondre, nous entraînant inexorablement vers la nuit. Cette période de transition, jour-nuit qui va durer près d'une heure, va permettre à nos yeux de s'habituer progressivement à l'obscurité, condition essentielle à une nuit d'observation astronomique réussie. Les sources de lumières sont donc à éviter ou à filtrer fortement pour ne rien rater du spectacle céleste qui débute !

Une carte du ciel pour mieux voyager

Voici que les premières étoiles, Arcturus et Véga, prennent place sur le ciel. Arcturus, très haute côté Sud-Sud-Ouest est une géante rouge dont le diamètre est 25 fois supérieur à celui du Soleil. Elle est l'étoile phare de la constellation du Bouvier. Véga, côté Est-Nord-Est n'est que 2, 5 fois plus large que notre étoile, dans la constellation de la Lyre. Il faudra attendre vers 22h30/23h00 que le ciel s'assombrisse suffisamment pour rechercher les premières constellations. Parmi ces figures imaginaires, sorties pour la plupart de la mythologie grecque, nous trouverons durant ce mois de juin, la Grande Ourse, le Bouvier ou la Vierge du côté ouest du ciel, le Cygne la Lyre et l'Aigle vers l'est. La super géante rouge Antarès, au ras de l'horizon sud dans le Scorpion, fera face au W de Cassiopée, visible plein nord. Pour faciliter cette étape de repérage stellaire, l'emploi d'une carte du ciel est plus que conseillé. Loin de la pollution lumineuse, recherchez sur l'horizon sud-est le délicat ruban clair de la Voie Lactée. Son observation aux jumelles révèlera une partie des 200 milliards qui composent notre Galaxie (observée ici par la tranche).

Un solstice d'été sans Lune

La deuxième quinzaine de juin sera marquée par l'absence de planètes visibles à l'œil nu en début de nuit. Et il en va de même pour la Lune qui, à la même période, s'observera en deuxième partie de nuit seulement. Le 13 juin, à 2h30 du matin, la Lune en dernier quartier se lèvera sur l'horizon est, précédée de très peu par la planète Mars (3, 5° les sépareront). Dans les nuits qui suivront, la Lune se lèvera de plus en plus tard. Le solstice d'été (20 juin), qui marque la nuit la plus courte de l'année, se célébrera en l'absence de la Lune (période de la Nouvelle Lune).

Bien que visible à l'œil nu et reconnaissable à sa teinte orangée, Mars ne dévoile des détails de sa surface qu'à travers un télescope bien réglé de 150mm de diamètre minimum et lorsqu'elle est au plus près de la Terre. En ce mois de juin, Mars sera à 140 millions de km de chez nous mais cette distance diminuera jusqu'à l'automne pour tomber à "seulement" 62 millions début octobre !

Planètes et ciel profond : un télescope pour plus de détails

Côté planète, on peut aussi s'intéresser aux deux géantes visibles à l'œil nu : Jupiter et Saturne. Elles apparaissent bras dessus, bras dessous sur l'horizon sud-est, peu avant minuit. Jupiter, la plus brillante des deux, est la première à se lever. C'est alors l'astre le plus brillant du ciel. Un télescope d'amateur dévoile ces quatre principaux satellites et des bandes équatoriales sombres à la surface de la planète (et parfois sa grande tache rouge). Un quart d'heure plus tard, Saturne entre en scène. Deux fois plus éloignée que Jupiter, Saturne est plus discrète mais abrite des anneaux d'une finesse et d'une beauté sans égales.

Si ces premières heures passées à scruter l'univers vous donnent envie d'en voir encore plus, sachez que de nombreux astres se cachent un peu partout au-dessus de votre tête : voici quelques pistes pour des observations estivales au télescope : étoiles doubles colorées (Albiréo du Cygne), amas globulaires (M13 dans Hercule, M22 dans le Sagittaire, M4 dans le Scorpion), galaxies (M51, M81, M82 dans la Grande Ourse) et autres nébuleuses diffuses ou planétaires.

Arrivé au terme de cette nuit d'observation, une chose est sûre : une fois revenu sur Terre, vous n'aurez qu'une seule envie, vous évader à nouveau parmi les étoiles, l'espace d'une soirée !


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