The Architect : « M'exprimer à nouveau sur différents sujets »

The Architect revient à la construction personnelle. Après avoir bourlingué dans le monde entier, produit pour de nombreux artistes, le "digger" stéphanois propose un nouvel album ce 12 juin intitulé "Une plage sur la lune". On y retrouve la patte de l'artiste entre abstract hip-hop, sono mondiale et jazz. 


Pourquoi avoir attendu aussi longtemps entre Foundations sorti en 2013 et ce nouvel album Une plage sur la lune ?

Pendant cette période, j'ai beaucoup produit pour d'autres et j'ai eu deux enfants. J'étais en mode "moins de productions" qu'auparavant. Les enfants ont grandi et j'avais envie de m'exprimer à nouveau sur différents sujets. J'avais besoin de ressentir cet album. Je pense que d'autres albums suivront, pas au même rythme qu'avant.

Pour cet album, j'ai sélectionné parmi au moins cinquante titres créés au cours de ces dernières années. 

As-tu toujours la même manière de travailler ? Es-tu toujours un digger – quelqu'un qui fouille les bacs à disques pour trouver des perles – qui va chercher des samples, les remanier pour produire ?

Oui, je ne me suis jamais arrêté de "digger" des disques. Justement car je produis pour d'autres et que j'ai la passion du disque vinyle. Pour cet album, j'ai sélectionné parmi au moins cinquante titres créés au cours de ces dernières années. Je n'ai gardé que des morceaux qui résumaient mon ressenti ou les rencontres que j'ai faites. C'est le même process. Je bosse toujours avec beaucoup de vinyles, de sources, une MPC, quelques séquenceurs et pianos et des platines. 

Tu te fournis toujours en disques notamment du côté de chez MéliMélodie à Sainté ?

Oui, tout à fait, chez ce genre d'escrocs (rires) Je me fournis aussi chez d'autres disquaires bien entendu mais c'est vrai qu'avec Jérôme, le responsable de la boutique, on a fini par bien s'entendre. Quand j'arrive dans son magasin, il me propose tout un panel de disques et il sait ce qui peut m'intéresser. C'est vrai que j'ai de la chance d'avoir ce lien.

Sur ta description d'album, tu expliques avoir été beaucoup inspiré par tes amis et ta famille. Cet album-là est donc très personnel ?

Dans ce que je produis, j'essaie souvent de partir d'un sentiment et de conserver un côté brut. C'est un peu à l'image de tout l'album, il y a un morceau qui parle de ma grand-mère, d'autres de mes filles... Car ce sont mes inspirations premières et c'est la vie que j'ai !

Tu conserves un attachement fort à Saint-Étienne ?

Oui, bien sûr ! On y est bien, on y vit bien. Je n'en ai pas parlé spécifiquement dans mon disque mais j'ai un attachement fort à cette ville.

Dans cet album, on retrouve beaucoup de featurings. C'est un peu ta marque de fabrique. Et dans cette liste, Troy Berkley, Aaron Cohen ou Kill Emil, des artistes avec qui tu as déjà travaillé...

Ce sont des chanteurs que j'ai rencontrés en studio via L'Entourloop mais avec qui j'ai également vraiment connecté personnellement. Troy est devenu un ami proche, j'ai produit des titres pour Aaron Cohen, Rêverie est une bonne pote, j'ai aussi eu une grosse connexion avec Kill Emil que j'ai rencontré lors d'une tournée en Grèce et avec qui je partage un peu le même registre musical... On va dire que le process de faire des morceaux avec eux s'est enclenché depuis longtemps. Étant donné également que j'ai pris le temps, c'est aussi pour ça que j'ai pu monter autant de collaborations. Et puis juste un mot sur mon héros stéphanois, Dj Olegg, qui est un des meilleurs Djs que j'ai rencontrés, un des plus techniques et talentueux. On avait monté un projet il y a un moment qui s'intitulait Fingaz, avec également Max, le coordinateur pédagogique au Fil. J'avais vraiment envie de sortir un morceau produit avec eux. 

Befour, ton comparse VJ depuis longtemps aussi, est intervenu sur l'artwork de l'album ainsi que sur les clips ?

Clément est mon beau-frère, on est très proches. Il m'apporte également beaucoup en musique. Nous formons un binôme images et sons efficace. C'est lui qui m'a proposé cette image d'une plage sur la lune et tout ce travail sur les images impossibles. Il travaille très bien sur le côté graphique. 

Vous aviez travaillé sur un live ensemble ?

On a un live qu'on a bien travaillé et que l'on a peu joué. Mais on espère pouvoir le présenter davantage dans les mois à venir.

Je suis déjà bien autiste dans la vie de tous les jours, vu que je passe beaucoup de temps en studio.

En tant qu'artiste, comment as-tu vécu le confinement ?

Je suis déjà bien autiste dans la vie de tous les jours, vu que je passe beaucoup de temps en studio. Je suis déjà assez confiné. Avec les enfants à la maison, j'ai mis pas mal de choses de côté mais j'ai pu bosser un peu la musique et trier mes disques par ordre alphabétique, par couleurs... (rires)

Tu as posté un Dj set en ligne récemment. Prévois-tu de développer davantage ta présence web ?

Je vais essayer de publier davantage de choses même si à la base je ne suis pas un grand communicant sur Internet. Si cela peut donner envie de venir de voir en live... Je n'ai pas beaucoup de nouvelles concernant les concerts, j'ai pas mal de dates en suspens en France et à l'étranger. Mais je pense surtout à l'ensemble de la culture en France et ailleurs qui va prendre une bonne claque et pas seulement en musique. Ca remet en question. Nous ne sommes pas grand chose dans ce genre de situtation alors si on peut filer un coup de main, j'espère qu'il y aura des concerts de soutien quand ce sera possible...

The Architect - Une plage sur la lune, sortie le 12 juin 2020


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