"Ip Man 4 : Le dernier combat" : Vacances apprenantes

De Wilson Yip (H.-K.-Chi., 1h45) avec Donnie Yen, Yue Wu, Scott Adkins…


Condamné par la maladie, Ip Man se rend aux États-Unis pour trouver une école à son fils et visiter son illustre disciple Bruce Lee, qui s'est attiré les foudres des maîtres du kung fu de Chinatown. Au passage, il en profite pour mettre la misère à des marines racistes. Trop fort.

Un quatrième volet en forme d'apothéose et de vraie conclusion pour la saga Ip Man. Que demande le peuple en plus ? De l'action ? De la baston ? Il en aura, avec élégance de surcroît dans cet opus souple et féroce comme un tigre, à l'image de son peu loquace mais efficace héros. Toujours aussi bien composé, chorégraphie et éclairé (ah, ces splendides contrastes verdâtres dans les jouissifs combats de ruelles !), cet épisode ne manquant ni de panache, ni d'humour en offrant en guise d'opposant une formidable pourriture interprétée par Scott Atkins. Exsudant la xénophobie par tous les pores, son personnage de Sergent-la-terreur est le double inversé parfait du marmoréen Ip Man ; sa némésis idéale.

Alors que les tensions entre communautés sont au plus fort (principalement aux États-Unis, là où se déroule le film), le message “d'apaisement“ d'Ip Man 4 est une merveille de diplomatie, que ne renierait pas Sun Tzu. Le vieux sage résout le différend entre Bruce Lee et ses caciques du Wing chun reclus dans le ghetto de Chinatown : ceux-ci reprochant à la star de divulguer aux non-Chinois les secrets de leur art martial, donc de leur faciliter ce que l'on nomme communément aujourd'hui “l'appropriation culturelle“, Ip Man leur prouve qu'au contraire ils gagneront en influence et en assimilation dans la société américaine en laissant leurs traditions infuser. Vantant la tactique éprouvée du soft power, Ip Man encourage aussi ses compatriotes à se désinvisibiliser face aux Étasuniens. Ce message, pour le coup, a dû beaucoup plaire en Asie…


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