En plein dans le mille !

Le Musée d'art et d'industrie stéphanois ouvre la rentrée 2020 avec une expo qui fait mouche. Armes pour cibles, 1820/2020 entre répulsion et fascination, peut se targuer de proposer d'un côté une qualité de pièces exposées et de l'autre une profondeur de visite avec un questionnement permanent sur le rapport armes/société.


Proposer une exposition sur l'angle de l'usage de l'arme, voici un parti pris osé mais juste proposé par les équipes du Musée d'art et d'industrie (MAI) de Saint-Étienne. Ce dernier qui peut se targuer de constituer le deuxième musée français consacré à l'arme, juste derrière le musée de l'armée, fait de l'arme, au même titre que le cycle ou le ruban, un de ses thèmes phares de son exposition permanente. Avec Armes pour cibles, 1820/2020 entre répulsion et fascination, l'institution stéphanoise va plus loin et sort du simple cadre technique et historique. « L'idée générale de cette nouvelle exposition est de donner les clés au visiteur afin qu'il puisse avoir un regard objectivé sur l'arme, explique Marie-Caroline Janand, directrice du MAI mais également commissaire de cette nouvelle expo. Nous ne prenons pas parti mais nous montrons aussi que l'arme constitue une industrie qui a eu et a encore de l'importance pour le territoire stéphanois. »

Au-delà du côté technique et historique

Au cours de son parcours, le visiteur découvre en effet les liens étroits entre la production d'armes et le destin économique de Saint-Étienne. On revient en effet sur l'évolution de l'arme à travers un parcours chronologique de six pièces, dotées d'une scénographie claire permettant de suivre progressivement les avancées techniques à la lumière des événements de l'histoire. Mais Armes pour cibles nous emmène plus loin. L'expo a cela d'intéressant et d'inédit qu'elle nous propose d'intégrer le prisme sociétal dans notre parcours de visite, en nous questionnant sur ce que l'arme peut représenter et véhiculer, un mélange de répulsion et de fascination. Et ici, la qualité des pièces présentées par le MAI prend tout son sens, notamment également grâce aux prêts tels que ceux consentis par Verney-Carron. On passe ainsi de fusils gravés avec finesse au débat de l'arme objet-symbole, en passant par les publicités « sexuées » de la part des armuriers ou encore de l'adaptation de ses derniers face aux crises. Une exposition riche et documentée, qui permet de prendre un recul nécessaire sur l'arme, cet objet qui fait toujours autant débat et qui touche forcément chaque Stéphanois.

Armes pour cibles, 1820/2020 entre répulsion et fascination, jusqu'au 3 janvier 2021 au Musée d'art et d'industrie de Saint-Étienne


Chiffres-clés :

- En 2018, ce sont 18 millions d'armes qui seraient en circulation en France selon l'IHEID (Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement de Genève.
- La France est en 7e position dans le monde occidental quant au nombre d'armes à feu par civil.
- L'industrie de l'arme à feu représente 400 millions d'euros de chiffre d'affaire en France et 5 000 emplois, soit 5 fois moins d'armuriers qu'en 1939.
- En 2019, il demeure 6 armuriers en activité à Saint-Étienne dont le plus important Verney-Carron, qui fête cette année ses 200 ans. Le banc d'épreuve national est également toujours en activité à Saint-Étienne.


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