Couleur critique

Après plus de six mois de fermeture, le Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole a réouvert ses portes à la mi-mai, proposant pas moins de quatre nouvelles expos à découvrir d'ici à la fin de l'été… Et gratuitement, s'il vous plaît. Tour d'horizon.


Frapper un grand coup, en présentant quatre expos temporaires pour sa réouverture. Frapper un deuxième grand coup, en proposant une visite libre gratuite pour tous les publics durant tout l'été. Frapper un troisième grand coup, en exposant des artistes aux œuvres remuantes, étonnantes, peut-être même, dérangeantes. À Saint-Étienne, le MAMC a repris du service avec la manière, ouvrant ses portes sur une lecture du monde contemporain en mutation, qui se révèle dans toute sa dureté et parfois même, son absurdité.

Peu vue en Europe jusqu'ici, une rétrospective de l'œuvre foisonnante d'Hassan Sharif retrace ainsi en 150 œuvres le parcours engagé et critique de cet artiste émirati, devenu l'un des plus influents du monde arabe. Pionnier de l'art conceptuel au Moyen-Orient, né en Iran, formé à Londres avant de rentrer s'installer à Dubaï et d'y passer la plus longue partie de sa vie, Sharif, plasticien polyvalent, a développé durant quatre décennies un corpus d'œuvres ayant très fortement contribué à changer le paysage artistique de son pays.

Hassan Sharif artiste dubaïote polyvalent et critique de la société de consommation

L'exposition rétrospective, I Am The Single Work Artist – comprendre, Je suis l'artiste d'une œuvre unique - insiste ainsi sur sa critique acerbe de la transformation accélérée et à marche forcée d'un territoire modeste et désertique en une mégalopole de luxe… Telle qu'on l'observe aujourd'hui à travers les images bling-bling de ses buildings, palaces et autres grosses cylindrées.

Tour à tour et à la fois conceptuel, expérimentateur, accumulateur, bricoleur de matières, de couleurs et de matériaux, Hassan Sharif est un artiste de la répétition. Au fil des salles, l'exposition se propose de reconstituer ses différentes périodes artistiques, à considérer, non comme une simple succession, mais comme un seul geste continu. A noter néanmoins que pour s'en saisir, une lecture concentrée des cartels parait indispensable.

Belooussovitch et Manigaud, deux expos à voir ensemble

Moins denses mais non moins intéressantes, les couleurs feutrées de Feelings on felt, de la Bruxelloise Léa Belooussovitch et le noir et blanc graphique de La Mélancolie des vaincus, du Stéphanois Eric Manigaud se visitent l'une après l'autre : en se saisissant toutes deux de violentes images d'actualité, ces deux expositions interrogent le sens de la photographie de presse, et dévoilent chacune une façon de remettre l'horreur - l'inhumanité, diront certains – à bonne distance… Sans exonérer quiconque de fortes émotions.

Hassan Sharif, I Am The Single Work Artist, jusqu'au 26 septembre. Eric Manigaud, La Mélancolie des vaincus, et Léa Belooussovitch, Feelings on felt, jusqu'au 15 août au Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Etienne.
Visite libre gratuite jusqu'au 31 août, sur réservations.


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