dé ou ré générescence du vivant

Pour sa toute dernière exposition, le Musée d'art Moderne et Contemporain de Saint-Etienne Métropole a offert une carte blanche à Lionel Sabatté, qui propose une cinquantaine d'œuvres spécialement conçues pour l'occasion.


Lorsqu'on lui a proposé de créer de toute pièce une exposition pour le MAMC, Lionel Sabatté s'est précipité pour découvrir Saint-Etienne et ses environs, en prendre le pouls, ressentir, jusqu'à faire naître son inspiration. Touché par l'importance de la forêt pour la ville, et dans la lignée de sa série d'œuvres intitulées Printemps, l'artiste, installé entre Paris et Los Angeles, a jeté son dévolu sur un ancien châtaigner du château de la Perrotière n'ayant pas survécu aux derniers épisodes de sécheresse. Au bout des branches mortes, Lionel Sabatté est alors venu déposer de jolies fleurs, reconstituées à partir de petites peaux de plantes de pieds, récupérées chez des podologues de la Loire : « Elles sont faites de rebus, de petits déchets, alors même que les fleurs sont peut-être ce qu'il y a de plus classieux au monde. Transformer quelque chose en son extrême inverse, ça m'intéresse beaucoup », souffle le plasticien tandis que l'arbre ainsi ressuscité est désormais installé dans le hall du musée, en préambule de l'exposition qui s'étire ensuite sur 5 salles.

Le cycle du vivant

Plus qu'une visite, Eclosion est un chemin, jalonné de représentations minérales, végétales et animales, qui reconstituent le cycle du vivant – ou de l'univers. Dans la première salle, trois triptyques de plaques de métal oxydées forment une sorte de caverne souterraine, de magma, un territoire matriciel des œuvres installées plus loin. Après cela, on découvre ainsi des oiseaux fertiles, qui font pièce commune avec d'autres, morts, gisant au sol. Dans la quatrième et principale salle, Lionel Sabatté a travaillé 15 jours durant, pour créer ses œuvres et sa scénographie in situ, à partir de fer à bêton et de ciment filasse. Ici, la figure humaine fait son apparition, mais son équilibre est précaire, fragile, déjà attaqué. « Une manière de représenter l'humain dans son état de délitement actuel ».

Et puis vient la dernière œuvre, étincelante, suspendue, presqu'en lévitation, sorte de divinité mystérieuse ou de porte vers l'après, elle aussi faite de petites peaux mortes… Parce que toute minuscule parcelle de matière qui se régénère, peut-être porteuse d'espoir et de lumière.

Eclosion, Lionel Sabatté, jusqu'au 2 janvier 2022 au MAMC


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