Le grand soir, pour Terrenoire

Les deux stéphanois seront en concert à la maison ce samedi soir.


Le quartier où ils ont vécu pour nom de groupe, les clips qui y ont été tournés, les textes qui y ont été écrits, truffés de références à la Perrotière ou à La Métare… Les deux frangins de Terrenoire ont, depuis quelques années, fait de leur ville leur identité médiatique. A l'oreille, les Stéphanois se reconnaissent, les Parisiens s'intéressent. A l'arrivée, chacun veut une note de plus, et l'affaire est conclue : Raphaël et Théo prennent le large, non pour le Brésil comme Bernard, mais pour la capitale, d'où ils parviennent à donner de l'ampleur à leurs projets.

Des visages aux yeux sombres encadrés par des tignasses frisées que l'on retient. Une musique difficilement classable, mêlant pop, electro, slam, reflet d'un mode d'écoute so XXIe siècle : digital, inépuisable, aléatoire, accessible, riche et bigarré.  Des textes qui dissertent la noirceur des sentiments d'une jeunesse qui voudrait encore rêver, mais qui doit pour cela s'inventer d'autres desseins -et destins – que ceux des plus âgés.  

Pour de bon, Terrenoire est lancé. Se paie les Inrocks, Konbini, France Inter et Libé. L'an dernier, le duo a sorti son premier album, Les Forces Contraires, et choppé au passage un joli succès d'estime. Cette année, cap sur le succès populaire : en tournée depuis la fin octobre, Raphaël et Théo enchaineront 23 dates, jusqu'à la mi-mars.  En chemin, ils feront un inévitable arrêt ici, chez nous, chez eux, pour un concert qui, on n'en doute pas, aura très certainement une saveur bien particulière. Pour en être, il faudra son ticket pour le Fil, le 20 novembre.

Terrenoire, le 20 novembre au Fil de Saint-Etienne. Première partie : La Belle Vie.


Terrenoire : un clip avec un autre Stéphanois

Le premier est né en 46, il affiche 23 albums studios au compteur mais c'est à la Manufacture d'armes, qu'il avait semble-t-il trouvé, plus jeune, son premier job. Les seconds sont deux, ils sont frères, ils sont nés dans le courant des années 90, et ont grandi pas loin du bassin de Janon et du château de la Perrotière.

Faisant fi d'une soi-disant inébranlable rupture entre les générations, Bernard Lavilliers et Terrenoire, un demi-siècle ou presque d'écart, livrent aujourd'hui ensemble leur attachement à Sainté et les stigmates que la ville de leur jeunesse a laissé sur leurs cœurs.  Noire, belle, fumée et poussière, leur Saint-Etienne est celle qu'ils ont dû quitter pour ouvrir leurs ailes, suivre leur rêve d'exotisme et de voyages, de musique et de capitale… Mais dont ils transportent l'âme partout où ils passent. Plus brave que belle / plus frères que fiers / plus fière que celles / qui ont pas souffert, Saint-Etienne la prolétaire, celle d'avant, disent-ils, laisse à tout jamais à ceux qui l'ont connue sa chaleur et son humanité, sa « magie noire » et sa fraternité.

Paroles luxueuses de ceux qui ont pu un jour s'extraire des masses laborieuses ? Un brin sans doute, mais… Après tout, qu'importe, si avec elles, les auteurs font traverser âges et frontières aux valeurs ouvrières. Les Stéphanois s'y retrouvent, d'ailleurs. Depuis la diffusion du clip, en début de semaine dernière, ils foncent, pouces en l'air et cœurs bien rouges, pour exprimer leur reconnaissance sur les réseaux, fiers, d'avoir quelque part en France -dans le monde – des représentants à la voix qui porte.


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