Le Petit Bulletin Sainté : 100 numéros et toujours dans la place

Malgré la mort annoncée du papier, l'imparable omnipotence du numérique, la montée des eaux, le moustique tigre, le nouvel album de Christophe Maé et le Covid, l'édition stéphanoise du Petit Bulletin publie fièrement son centième numéro. L'occasion de revenir sur le parcours de votre tabloïd préféré qui, dans la foulée, soufflera sa dixième bougie le mois prochain. Putain, dix ans…


Avec 20 000 exemplaires distribués gratuitement chaque mois dans plus de 250 points,  Le Petit Bulletin Saint-Étienne est avant tout une équipe, presque une famille. Sous la direction de Baptiste Rollet, Cerise Rochet (rédactrice en chef) et son équipe de rédacteurs (Léa, Alain, Niko, Nicolas et Vincent) opèrent sans relâche un tri sélectif parmi l’offre culturelle du bassin stéphanois et alentours. Rien ne leur échappe, musique, théâtre, cinéma,  expositions, passant au crible la programmation des grandes institutions et repérant sous les radars celles des lieux plus intimistes, guettant l’ouverture de nouveaux établissements et partageant leurs bons plans. Aux côtés de l’équipe rédactionnelle il y a aussi Patricia l’assistante de direction, Véro l’infographiste et Océane, cheffe de projet. La partie vidéo est assurée par Cédric (réalisateur) et Jérémy (journaliste vidéo). Enfin il y a ceux qui charrient les liasses puis déposent le journal près de chez vous : Sylvette, Sandrine, Bernard, Jean-Marc et Louis qui ont vu Guy partir en retraite en juin dernier après dix années de distribution. Ce centième numéro vient couronner dix années d’investigation culturelle menée dans la bonne humeur au fil des saisons, des festivals et des grands rendez-vous. Dix années au cours desquelles la maquette du journal a évolué et dont le contenu s’enrichit sur un site web successful. L’équipe originelle s’est en partie renouvelée : certains comme Grégory, Laurie, Ève, Adeline, Florence, Odile, Monique et Houda sont partis vers d’autres horizons, tandis que quelques vétérans sont encore à leur poste, comme au premier jour, et que d'autres ont fait un passage remarqué (comme Jason Chicandier, chroniqueur pendant un an). Nicolas Bros a quitté son poste de rédac chef en septembre dernier, se consacrant désormais à IF Saint-Étienne, un pure player dont il est l’un des co-créateurs.

Rewind

La saga Petit Bulletin a débuté sur les bancs d’une fac iséroise, par une feuille recto-verso imaginée par une bande de copains. Marc, Magali, Franck et quelques autres déploraient de ne trouver nulle part les horaires des cinémas et la programmation des cafés-concerts. Le Petit Bulletin naît ainsi à Grenoble en 1993, puis à Lyon en 1997, avec à leur tête respectivement Magali Paliard-Morelle et Marc Renau. Dans le sillon creusé par ses deux grands frères, Le Petit Bulletin Saint-Étienne verra le jour quinze ans plus tard sous la baguette de Marc Chassaubéné, dans un local temporaire niché au 26 rue de la Résistance. Datée de janvier 2012, la toute première Une du coissou arborait un magistral portrait du trompettiste Ibrahim Maalouf, de passage au Fil. Avec une équipe réduite et les moyens du bord, l’aventure commençait avec déjà cette envie de produire un journal à la fois utile et malin, un brin impertinent, relayant l'actualité des sorties culturelles au travers de critiques, portraits, interviews et analyses indépendantes, en résonnance avec l’agenda. Plus tard, de vrais bureaux seront installés au numéro 3 de la même rue et Baptiste succèdera à Marc à partir du numéro 26.

Nicolas se souvient : « J'ai débuté en tant que pigiste sur les musiques actuelles : rock, chanson, rap, électro... C’est lors de la prise en main du journal par Baptiste en 2014 que ce dernier m'a proposé le poste de rédacteur en chef. J’ai apprécié la grande indépendance rédactionnelle vis-à-vis de la publicité car la mission première du Petit Bulletin a toujours été de donner envie aux lecteurs de pousser les portes des lieux de culture, pour y découvrir des artistes ou des œuvres vers lesquels ils ne seraient peut-être pas allés a priori. » Installée dans ses nouvelles fonctions depuis quatre mois, Cerise prend à son tour très à cœur sa casquette de rédactrice en chef : « Notre job, c’est voir plein de spectacles, rencontrer plein d’acteurs culturels, leur accorder du temps, savoir les écouter et les comprendre pour en parler comme il faut, c’est-à-dire avec beaucoup de sérieux parce que la culture est un pan très important de notre société, mais sans se la jouer, parce que nous ne sommes que des passeurs entre les artistes et les spectateurs/lecteurs/citoyens. »

À la rédac, chaque premier lundi du mois, c'est jour de bouclage : l’équipe se retrouve pour une dernière relecture. En début de soirée, le PDF définitif est envoyé à l’imprimeur. C’est un moment presque solennel, entre stress et soulagement, prétexte suffisant pour partager un verre et quelques chips !

Réorganisation

Le Petit Bulletin est aujourd’hui solidement ancré dans le paysage culturel ligérien. Glissé dans votre sac ou plié sous votre bras, il s’est imposé comme un vrai guide urbain, vous suggérant le film du moment ou le concert incontournable, vous conseillant où boire une craft beer sympa, où manger sur le pouce et même où sortir pour prolonger la soirée. A Lyon et Grenoble, le journal est une vraie institution. Pour autant, au fil de son histoire la grande famille du Petit Bulletin a sensiblement élargi son champ d’action au-delà des trois éditions imprimées.

En 2018, il était même devenu nécessaire de mettre un peu d’ordre dans la maison. Directeur de la publication à Lyon, Marc Renau explique : « La constitution du groupe Unagi a permis de rassembler nos forces et d’imaginer une nouvelle organisation. Aujourd’hui, notre média papier ne représente plus que 30% de notre chiffre d’affaires. Il y a dix ans, nous avons su réagir à temps en développant de nouveaux services, que l’organigramme d’Unagi permet de mieux identifier. » Baptiste Rollet précise : « Car Unagi c’est aussi l’agence de communication Tintamarre, spécialisée dans la création de contenus. La structure Diffusion Active est quant à elle davantage spécialisée dans la distribution d’imprimés. Comme à Lyon, nous avons créé à Saint-Étienne plusieurs événements importants : il y a eu notamment trois éditions du festival de la bière artisanale Faut Que Ça Brasse. Nous organisons aussi des croisières œnologiques dans les Gorges de la Loire, baptisées Drink On The Water. C’est toujours un plaisir de sortir du papier et de rencontrer nos lecteurs ou ceux qui le deviendront ! » Rendez-vous dans dix ans ?


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