Le « fou » du Roi


Créé en 1868 sur un livret du célèbre tandem Barbier et Carré, Hamlet d'Ambroise Thomas contribue, avec Mignon, à faire perdurer la postérité de cet ancien Prix de Rome. Boudé des musicologues français, l'ouvrage fait la joie des amateurs de « grand opéra » français du XIXe siècle. Ambroise Thomas n'a jamais prétendu révolutionner l'histoire de la musique, mais plutôt séduire son public. Est-ce l'origine du malentendu avec la faculté? Son Hamlet reste pourtant fidèle à l'esprit shakespearien et rencontra immédiatement un très vif succès. Initialement écrit pour ténor, le rôle-titre fut retaillé aux dimensions du baryton Jean-Baptiste Faure, coqueluche de l'art lyrique du XIXe siècle. Le résultat est un opéra qui réserve quelques moments de grâce, comme le duo Hamlet-Ophélia, soprano aux accents colorature. Salué en 1868, comme le plus bel opéra depuis Meyerbeer ou Halévy, la traînée de poudre fera très vite le tour du microcosme musical. Elle assurera à Ambroise Thomas la succession d'Auber, à la tête du Conservatoire de Paris. Foin des grincheux, la pièce aujourd'hui fascine par son universalité, et la musique de Thomas, dirigée par le très talentueux Jacques Lacombe fera, sans « l'ombre d'un doute », apparaître des spectres.

 Hamlet d'Ambroise Thomas, direction Jacques Lacombe, du 26 au 30 janvier à l' Opéra de Saint-Étienne.


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Haendel... with care