Poly'Sons : dans les coulisses d'un festival

Point d'orgue annuel depuis 19 ans au Théâtre des Pénitents, le festival montbrisonnais Poly'Sons continue de défendre la chanson française et son public. Rencontre avec Henri Dalem, directeur et programmateur.


Quel premier bilan faites-vous sur la nouvelle saison après 4 mois d'exercice ?

« Le bilan est pour l'instant très contrasté. Le fait le plus marquant est que nous comptons beaucoup moins d'abonnés qu'auparavant : nous avons actuellement enregistré 300 abonnements contre 850 à 900 habituellement. En revanche, on ne s'en sort pas trop mal si l'on prend spectacle par spectacle. Même si les réservations se font souvent à la dernière minute, plusieurs représentations ont été complètes et nous observons également une très bonne fréquentation des scolaires. En règle générale on sent bien que les habitudes ont changé, les gens semblent avoir du mal à se projeter, le public n'est d'ailleurs pas tout à fait le même qu'avant. Tout cela crée une fragilité financière et nous oblige à communiquer davantage. »

Quelle place le festival Poly'Sons tient-il dans la saison du théâtre des Pénitents ?

« Le festival est en quelque sorte l'ADN de notre maison, c'est sans doute le moment que l'équipe porte avec le plus de ferveur. La dix-neuvième édition propose une vingtaine de concerts sur une période d'un mois. Si l'évènement a assuré sa place sur le territoire grâce à son ancienneté, Poly'Sons reste un festival à taille humaine avec un rapport de proximité entre les artistes et le public qui ne se dément pas. Prenons l'exemple de Govrache. C'est un artiste que nous avions programmé à l'aveugle il y a trois ans, il avait fait un tabac en première partie devant un public qui ne venait pas pour lui, cette année il est celui qui pour l'instant remplit le mieux la salle ! Idem pour Barcella qui vient pour la troisième fois à Montbrison : la salle était plus que clairsemée lors de sa première venue, il s'est passé quelque chose lors de son second passage et cette année il va probablement faire salle comble. On voit bien que le public du festival s'est fidélisé, qu'il aime retrouver des artistes découverts ici et qu'en même temps il a appris à nous faire confiance. C'est une vraie satisfaction. »

Comment fait-on pour bâtir une programmation de chanson francophone lorsque l'on vient comme vous du théâtre ?

« C'est vrai qu'en arrivant aux Pénitents je n'étais pas un expert en chanson française ! Ma casquette d'artiste dramatique n'est d'ailleurs jamais posée très loin. Comme le festival est porté par un lieu pluridisciplinaire, je suis attentif à ce que l'on accueille chaque année quelques projets qui, comme le spectacle Mon Père est une chanson de variété, sont à mi-chemin entre la chanson et le théâtre. 

Comment choisissez-vous les artistes programmés ?

Une programmation comme celle des Poly'Sons se prépare des mois, voire des années à l'avance. C'est un travail de longue haleine qui représente bien sûr beaucoup d'écoute, mais aussi de correspondances avec les producteurs, les labels et les diffuseurs. Il y a un gros travail de réseau, notamment via la Fédéchanson, qui est une fédération des nombreux acteurs de la chanson francophone dont nous sommes membre-fondateur. Le plus souvent possible, je suis en lien direct avec un certain nombre d'artistes dont la fidélité au festival est à ce titre un avantage indéniable. Ils me parlent de leurs projets longtemps en amont, certains viennent même créer chez nous lors de résidences. Par exemple, le projet de Clarika autour de Dabadie est une coproduction des Pénitents, ce sera même le concert d'ouverture. Nous sommes également coproducteurs du nouveau projet jeune public de Yoanna. Je reste persuadé que le fait d'échanger directement avec les artistes au sujet de leurs projets, bien avant le festival, permet de mieux organiser la rencontre en aval avec le public. »

Festival Poly'Sons, du 12 janvier au 12 février, au théâtre des Pénitents à Montbrison


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