A Saint-Etienne, la guerre pour l'humour ?

Selon une information du Canard Enchaîné sortie ce mercredi matin, la municipalité et la métropole stéphanoise seraient sur le point de favoriser un futur festival d'humour au détriment d'Arcomik, anciennement Arts Burlesques. Réactions des protagonistes.


Ce vendredi 21 janvier, la municipalité et la métropole de Saint-Etienne pourraient respectivement octroyer, via une commission d'attribution, une subvention de 55 000 et une autre de 20 000 euros à l'association GSM. Créée récemment par Simon Javelle, par ailleurs patron de C'Kel Prod et programmateur du festival Paroles et Musiques, cette dernière porterait un nouveau projet de festival d'humour sur le territoire. Voilà,   l'information rapportée par le Canard Enchaîné dans ses pages de ce mercredi matin… Information que le palmipède met en parallèle avec le récent retrait des subventions de 54 000 et 9 000 euros, jusque-là attribuées chaque année par les deux mêmes collectivités à un autre festival d'humour, né Arts Burlesques en 2003, avant de devenir Arcomik en 2019.  

De quoi créer quelques rififis entre ces différents acteurs culturels, d'autant que, toujours selon le Canard, l'affaire serait éminemment politique, et potentiellement liée à un soutien de l'épouse de Simon Javelle au maire Gaël Perdriau durant la campagne de 2020.

Business ?

Directeur du festival Arcomik, Farid Bouabdellah confirme l'intégralité de ce qu'affirme le journaliste : « en effet, nous avons appris en octobre, puis en décembre, que la municipalité et la métropole nous retiraient la totalité de nos subventions, alors que notre festival cartonne, et que nous participons au rayonnement de Sainté. Simon Javelle a racheté et déposé le nom "Arts Burlesques", pourquoi ? Je maintiens ce que j'ai expliqué à ce journaliste lorsqu'il m'a questionné : c'est une guerre pour le business de l'humour à Saint-Etienne ».

Incriminé par l'article de presse, Simon Javelle, lui, n'a pas été contacté par le Canard pour donner sa version des faits. Alors, ce mercredi matin, il est un peu tombé de l'armoire : « Je ne sais pas où ils sont allés chercher cette histoire de soutien politique… Mais bref, pour remettre les choses dans l'ordre, je vais être clair : oui, j'ai racheté le nom "Arts Burlesques" il y a deux ou trois ans. J'ai su que la mairie ne souhaitait plus soutenir ArcomiK, alors, je me suis positionné. Nous n'avons volé personne. Si nous n'avions pas monté de dossier, quelqu'un d'autre l'aurait peut-être fait. Notre projet porte en effet sur 2022, mais pas aux mêmes dates, contrairement à ce que suggère Farid Bouabdellah. D'ailleurs, il n'est pour le moment qu'un projet, puisque nous ne savons pas si nous serons soutenus ou pas. »

Intérêt général

De leur côté, la municipalité et la métropole, par l'intermédiaire de Marc Chassaubéné, respectivement adjoint à la culture de la première, et vice-président en charge des affaires culturelles de la deuxième, confirment et assument totalement leur choix. Également mis en cause par l'article de l'hebdomadaire, l'élu affirme avoir décidé en conscience de ne plus soutenir ArcomiK, malgré le soutien affiché de différents mécènes et partenaires privés et publics au festival : « L'humour est un domaine qui très souvent fédère de nombreux mécènes et partenaires, il n'y a rien de si extraordinaire à cela. De notre côté, nous sommes amenés à prendre des décisions, en tant que collectivité : à travers la subvention, c'est de l'argent public, que nous distribuons, il faut donc que l'événement soutenu aille dans le sens de l'intérêt général. Arcomik ne correspond pas au projet culturel de la Ville, centré pour sa part sur la création artistique et le soutien à l'émergence. Sa politique tarifaire est trop élevée pour participer à l'accessibilité au spectacle vivant. Les subventions doivent pourtant servir soit l'un, soit l'autre. L'organisation du festival a toujours refusé de s'expliquer là-dessus, de répondre à notre demande de dialogue. Nous avons donc fini par trancher. »

To be continued…

« Faux ! » rétorque Farid Bouabdellah, qui affirme pour sa part n'avoir jamais reçu d'invitation au dialogue de la part de quiconque, mais avoir à l'inverse constaté que les membres de l'équipe municipale ne se déplaçaient jamais sur le festival, en dépit des sollicitations : « Aujourd'hui, on s'interroge en effet sur la méthode de répartition des subventions. Cela étant, nous sommes droits dans nos bottes. On est légitime, c'est d'ailleurs pour cela qu'on marche bien, pour cela qu'on est soutenu par d'autres, qu'on est suivi par France TV et France Inter, pour cela qu'on a pu porter le festival sur la scène nationale. On continuera, on sera là cette année, on sera là l'année prochaine, même sans subventions. »

L'affaire, qui ce mercredi a fait le tour des réseaux sociaux, sera-t-elle vite oubliée ? Peut-être… « Si le festival perdure dans le temps, cela signifiera donc que j'ai eu raison de ne plus octroyer d'argent public à Arcomik, parce que le festival peut s'en passer », conclut Marc Chassaubéné. De là à mettre tout le monde d'accord…


<< article précédent
La Tablée : cantine participative maline et imaginative